FESTIVAL DE CANNES 18 MAI 2017

La sélection s’est ouverte sur un film de Todd Haynes : Wonderstruck ou le cabinet des curiosités. Ce réalisateur nous avait enchanté il y a deux ans avec son magnifique film Carol qui avait reçu un prix d’interprétation. J’attendais donc beaucoup de lui. Vous dire que je suis déçue serait certainement trop fort mais je n’ai pas éprouvé la fascination du précédent film. Quel est le propos ? Rose et Ben, deux enfants de 13 ans environ, rêvent d’une autre vie. Mais 50 ans les séparent. Rose atteinte de surdité quitte sa ville du New Jersey en 1927 pour aller seule à New York à la recherche de sa mère une actrice renommée. Elle la retrouve mais cette dernière la rejette et elle est prise en charge par son grand frère. De son côté Ben qui vient de perdre sa mère qu’il interrogeait inlassablement sur l’existence de son père qu’il ne connaît pas, part à New York pour le retrouver sur des indices trouvés dans les papiers de sa mère. Il est devenu sourd suite à un accident. Nous sommes cette fois-ci en 1977. On retrouve bien la patte du réalisateur pour la reconstitution de l’atmosphère des différentes époques. Il passe d’une époque à une autre, du noir et blanc à la couleur, de façon saisissante. Mais d’une part ce passage est strictement parallèle et constant tout au long du film, ce qui est une expérience complexe et exigeante pour le spectateur ; ensuite le happy end dans une scène finale confondante, est digne d’une bluette américaine. C’est vraiment dommage car toutes les grandes qualités du cinéaste sont au rendez-vous et c’est un film à ne pas négliger.

Le deuxième film présenté, Loveless ou Faute d’amour, est d’une toute autre facture. Andrey Zvyagintsev que l’on connaît pour ses très bons films dont Le Retour en 2003, Elena en 2011 et Léviathan en 2014 qui avait obtenu le Prix du scénario à Cannes. C’est un drame familial absolu. Un jeune couple au bord du divorce se déchire avec une violence inouïe ; et non pas, comme souvent pour la garde de leur fils unique mais bien différemment car aucun des deux n’en veut. Le petit garçon surprend leur conversation et disparaît. Ce réalisateur russe aime la nature, on le savait, et nous donne des images magnifiques. Mais il se dégage de ce film un pessimisme total sur la vie du couple en général et sur la déliquescence de la société russe actuelle en particulier, comme dans ses précédentes œuvres. Ici pas de happy end mais un regard un peu désespérant sur l’avenir de ce couple. Un très bon film, dur donc, sans concession, qui nous tient en haleine deux heures durant.

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