FESTIVAL DE CANNES 22 MAI 2017

Le metteur en scène grec Yorgos Lanthimos est très prisé par la sélection cannoise car il a eu un prix Un certain regard en 2009 pour Canine, Le prix du jury en 2015 pour The Lobster. Ce dernier film, dans un genre très particulier, qu’on pourrait qualifier de fantastique, avait été très controversé à Cannes et personnellement ne m’avait pas du tout convaincu. Il présente cette année, dans la compétition officielle La mise à mort du cerf sacré qui est de la même veine. Un adolescent, qui représente le mal, entre dans la famille du chirurgien qui a provoqué la mort de son père et se produisent alors des évènements extraordinaires mais tragiques chez les enfants de ce couple qui semblent être inspirés par la vengeance de cet adolescent. J’avoue que je n’ai pas été plus convaincue que par le passé et vous jugerez vous-même lorsque vous le verrez.

Un autre film sélectionné dont je voudrais vous parler est celui de Michaël Haneke, deux fois palme d’or à Cannes, pour Le ruban blanc en 2009 et pour Amour en 2012. Le film qu’il présente Happy end, réunit tous les ingrédients de sa filmographie : l’oppression familiale, l’atmosphère pesante des incompris qui se livrent à des actes sadiques, le cynisme des situations, le suicide, la fin de vie. Ici nous sommes dans une grande famille d’industriels qui vivent à Calais dans une opulence digne du 19ème siècle. On retrouve ses acteurs préférés : Jean-Louis Trintignant tellement émouvant dans le rôle du patriarche qui est en fin de vie, qui paraît gâteux mais qui ne l’est pas autant qu’il y paraît, Isabelle Huppert, sa fille, qui s’occupe de l’entreprise, affairée, insaisissable, aimant son fils non pour ce qu’il est mais pour le successeur potentiel qu’il pourrait être à la tête de l’entreprise. Arrive dans cette famille une petite Eve de 13 ans, dont la mère vient d’être empoisonnée. Le film commence par la vision d’une scène de vie familiale sur un Smartphone, commentée par des messages. Par la suite on verra s’échanger entre amant non des gestes d’amour mais des messages torrides par mail. Cette volonté d’utiliser le virtuel donne à son film un côté glacé et distant. Mais le personnage important est celui de cette petite fille, remarquablement interprétée par la jeune Fantine Harduin, qui est dans un état de solitude pathétique, qui se construit dans le déni, et qui a les réactions imprévisibles et violentes des incompris : elle commence par empoisonner son hamster, on croit comprendre qu’elle a empoisonné sa mère, le tout dans un état de grande candeur. Quant au patriarche il n’a qu’une idée, qu’on l’aide à se suicider car il a raté son suicide. Certes c’est bien du Haneke et la patte du réalisateur est bien là. Toutefois le film manque de souffle et j’oserais dire que Haneke a fait du Chabrol.

Et rendez-vous, comme chaque jour, en direct de Cannes pour Fréquence protestante, à midi.

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