12 YEARS A SLAVE

Auteur : Steve McQueen est britannique, né à Londres en 1969. Ses ancêtres avaient été des esclaves venant du Ghana. Il est connu pour ses deux premiers films précédents d’une grande force car il est le cinéaste des situations difficiles, perverses : Hunger (2008) où il s’agissait de la guerre en Irlande, de l’IRA, du traitement inhumain infligé à Bobby Sands en prison, et Shame (2011) qui décrivait l’addiction sexuelle provoquée par l’envahissement des médias par la pornographie.

Résumé : Solomon Northup est un noir libre qui vit dans l’état de New-York au milieu du 19ème siècle. Il gagne décemment sa vie et est un violoniste très doué. Un jour il est attiré à Washington par deux individus qui se font passer pour des artistes et se retrouve séquestré, enchainé puis vendu comme esclave et envoyé en bateau dans le sud, à la Nouvelle Orléans. Son esclavage durera 12 longues années au bout desquels il va retrouver la liberté.

Analyse : Ce film s’inspire d’une histoire vrai et édifiante. Après ses 12 ans d’esclavage Solomon Northup écrit en 1853 ses mémoires, sous le titre « 12 years a Slave », dont est tiré le film.

Peu de films ont été fait sur un sujet aussi important pour la société américaine, mais seulement, qui a été l’une des origines d’une guerre civile sanglante ; une petite trentaine au total. Récemment le Lincoln de Spielberg et Django unchained de Tarantino ont traité de la question. Mais ce film est le premier qui ait été réalisé par un noir, certes pas un afro-américain, mais qui aurait pu l’être, car comme il le dit lui-même, le bateau est allé à gauche au lieu d’aller à droite. Et le premier à partir du récit d’un esclave lui-même. Est-ce ce qui fait la force particulière qui s’en dégage ? Probablement, mais c’est aussi certainement en raison d’une mise en scène brillante et efficace, de la beauté plastique des plans, de l’utilisation (certains diront « de l’abus ») de longs plans séquence. Deux en particuliers qui sont très éprouvants pour le spectateurs et qui ne laissent à aucun moment la tension se relâcher : la scène où Pratt (le nom d’esclave de Solomon) est pendu à moitié lynché à un arbre, juste assez haut pour que ses pieds effleurent le sol boueux et l’obligent à des efforts constants toute une journée durant pour ne pas glisser, alors qu’à l’arrière plan la vie continue et on voit même des enfants jouer ; et le long plan séquence circulaire particulièrement dramatique où la jeune Patsey est fouettée jusqu’à l’évanouissement d’abord par Solomon obligé par son maître puis par celui-ci, Epps, cruel et alcoolique, sans que la vision du dos lacéré et meurtrie nous soit épargnée au final.

McQueen ne se complait pour autant dans la violence il la donne à voir. Cette violence nous interpelle, et en ce sens on peut comprendre qu’elle puisse gêner certains spectateurs. Mais c’est ce qui donne au film un grand pouvoir cathartique. Le film vient d’ailleurs d’obtenir le prix du meilleur film dramatique aux Golden Globes et est copieusement nominé aux Oscars.

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