AVE CAESAR

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Auteurs : Joel (62 ans) et Ethan Coen (58 ans) sont deux frères réalisateurs qui travaillent ensemble depuis leurs premières œuvres. Ils travaillent depuis le début avec les mêmes équipes. Les thèmes de leur filmographie sont le suspense, le sens de l’absurde, le cynisme, l’humour noir. Ils remportent avec Barton Fink la palme d’or du festival de Cannes en 1991 et sont des habitués de la Croisette et des Oscars. Inside Llewyn Davis obtient le Grand Prix à Cannes en 2013. Les frères Coen président le Festival de Cannes de 2015 et Ave Caesar (leur 17ème film) était nommé à la Berlinade 2016.

Résumé : Eddie Mannix, qui a existé en réalité, sorte d’homme à tout faire (« fixer ») des fameux studios de cinéma de l’époque, Capitole, doit trouver une solution à tous les problèmes inhérents à chaque film. Sur les deux jours de sa vie professionnelle et personnelle, dans un travail qui ne connaît ni repos ni routine, il doit régler les problèmes d’une star qui attend seule un enfant pour lui trouver un mari de convenance, maitriser la curiosité des journalistes, s’occuper de l’homosexualité de l’un, de la soulographie de l’autre, retrouver l’acteur principal du péplum qui a été kidnappé, tout en essayant de moins fumer, ce qui l’amène à plusieurs reprises dans un confessionnal (seul lieu vrai ?) car il a menti sur ce point à sa femme.

Analyse : Les frères Coen ne sont jamais vraiment là où on les attend. Après Inside Llewyn Davis de 2013, odyssée d’un musicien loser new-yorkais, drôle mais pathétique à la fois, ils renouent dans ce film avec le genre des farces grinçantes, grimaçantes et complètement déjantées, comme une suite tardive de Baron Fink où ils divaguaient allègrement sur les affres du métier de scénariste dans les années 40 à Hollywood.

Ce film peut paraître déconcertant car il est inclassable. Il n’est pas tout à fait une satire car il est aussi un hommage à cet âge d’or d’Hollywood. La réalité et la fiction sont si intimement mêlées qu’on ne sait plus si on est dans l’une ou dans l’autre. En effet, ce n’est pas un film linéaire car il y a le film dans le film ; mais le film lui-même a sa part d’irréalité, notamment dans l’épisode d’un sous-marin soviétique venu de nulle part et qui émerge pour chercher un scénariste communiste qui fait un saut, ainsi que son chien, complètement invraisemblable pour atteindre l’échelle du sous-marin. D’autant moins linéaire qu’il se présente presque, mais sans le dire, comme un film à sketches. On est en plein tournage, pastiche d’un péplum biblique style Cecil B. de Mille sur la vie du Christ, mais aussi d’une comédie musicale à la Minnelli, d’un ballet aquatique magnifiquement orchestrée, d’un western à la Tom Mix sans hémoglobine mais avec une scène désopilante d’un vieux cow boy qui plonge dans un bassin pour attraper le reflet de la lune, scène très signifiante. Une brochette d’acteurs célèbres et doués, Georges Clooney, grimaçant semi idiot qui joue un centurion romain qui fait une tirade magnifique au pied de la croix et qui bute sur le mot … foi ! Scarlett Johansson en sirène gracieuse et gracile qui, sortie de l’eau et du tournage, devient vulgaire et ordurière, une Tilda Swinton dans le double rôle de sœurs jumelles et rivales échotières, jusqu’à Channing Tatum dans un incroyable numéro de claquettes ; tous en font des tonnes et on leur pardonne car ils sont dans le ton du film. Le tout peut laisser une impression de malaise par cette imagination fertile et complètement débridée qui donne au film un aspect brouillon sautillant et décousu, ce qui, on le conçoit, peut déconcerter, mais qui, si on entre dans le jeu des réalisateurs, en fait un exercice jouissif et fort plaisant.

3 Comments

  1. Les frères se sont un peu assagis. Grands moments cependant, comme l’épisode du sous-marin soviétique

    1. Je ne suis pas si sûr qu’ils s’assagissent…
      Un film certe peu tonitruant, mais où, sous chaque cliché, et presque tout cadrage, se cachent un florilège de citations, clins d’œil, analyses…
      Ce n’est pas donné à quiconque de presenter avec une telle légèreté le maccartisme hollywoodien, avec Marcuse en « guest star »!
      C’est un film à revoir et à revoir, sous ses faux semblants de facilités…

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