FESTIVAL DE CANNES 24 MAI 2017

Je vous présente aujourd’hui deux films de la compétition officielle. D’une part Rodin de Jacques Doillon. C’est certainement avec La mort du cerf sacré dont je vous ai déjà parlé, le film le plus clivant de la compétition jusqu’à présent. Certains l’aiment en disant que le film montre bien le travail de l’artiste absorbé par sa création. Et ils saluent l’interprétation de Vincent Lindon en personnage bourru et rugueux. D’autres, beaucoup plus nombreux, sont très sévères avec ce film faisant observer notamment que l’on entend très mal les dialogues, ce qui est exact. Sans doute pour traduire le côté bougon et grommelant du sculpteur. Mais je reconnais que c’est très gênant. D’autres insistent sur le fait qu’il s’agit d’un film raide pâle et sans chaleur. Il est vrai que les dialogues sont d’une platitude affligeante et que l’interprétation de Lindon est loin de donner toute la mesure de l’artiste. Il lui donne certes un physique mais rien d’autre. Il est vrai aussi qu’on se prend à penser avec nostalgie à l’interprétation qu’en avaient faite Gérard Depardieu et Isabelle Adjani qui étaient animés d’une flamme créatrice qu’on ne retrouve pas ici et tout spécialement chez la Camille Claudel de Doillon.

L’autre film est de Sophia Coppola Les proies. Il était très attendu sur la Croisette. L’action se déroule pendant la guerre de Sécession. Un pensionnat de jeunes filles, dans le sud des États Unis, où vivent dans une grande maison isolée quatre fillettes, deux femmes et une adolescente. Leur vie est bouleversée lorsqu’elles recueillent un soldat nordiste blessé. Se déchaînent alors les fantasmes, les désirs inavoués, les rivalités chez les deux femmes et l’adolescente. Ce film est tiré d’un livre de Thomas Cullinam qui avait été adapté au cinéma en 1971 par Don Spiegel avec Clint Eastwood dans le rôle du soldat, remplacé ici par Colin Farell. Sophia Coppola a beaucoup épuré l’œuvre originale supprimant les autres personnages masculins pour se concentrer sur les femmes. Le film est remarquablement construit. Elle connaît incontestablement son métier. La mise en scène est sobre et efficace. Il est intéressant de voir que les proies ne sont pas celles qu’on croit. De prédateur l’homme est devenu une proie. De plus son film ne manque ni d’humour ni de malice. Mais elle néglige un peu trop le contexte historique, comme elle l’avait fait dans son dans son Marie-Antoinette où la Révolution française était à peine présente. Ici la guerre se manifeste simplement par quelques bruits de canon et le soldat blessé. Certes il se laisse volontiers regarder mais il manque cependant de consistance et nous fait l’effet d’une chronique sur papier glacé.

Et comme chaque jour retrouvez ma chronique en direct de Cannes sur Fréquence protestante à midi, après le flash info.

Laisser un commentaire