LA JEUNE FILLE ET SON AIGLE

La jeune filleAuteur : Otto Bell (né en 1981) est un réalisateur d’origine britannique. Diplômé d’Oxford, il vit aujourd’hui à New-York. La Jeune Fille et son Aigle (The Eagle Huntress) est son premier film. Il a été présenté dans une dizaine de festivals dont Sundance et Toronto. Il a été couronné du prestigieux British Academy Film Award du meilleur documentaire.

Résumé : En Mongolie le métier de dresseur d’aigle ne se transmet que de père en fils. La petite Aisholpan, gamine de 13 ans au caractère bien trempé, est fascinée par son père qui entraîne des aigles pour la chasse au renard. Déterminée elle veut elle aussi devenir chasseur (chasseuse) à l’aigle. Soutenue par son père qui croit dans le talent et le courage de sa fille, elle décide d’adopter un aigle royal pour en faire un chasseur de renards et briser ainsi les traditions.

Analyse : Dans les périodes difficiles que nous vivons aujourd’hui, allez vous rafraîchir les idées et prendre un grand bol d’air frais en voyant ce film somptueux et réjouissant à plus d’un titre.

Somptueux d’abord par les paysages. Nous sommes dans l’Altaï, une région de Mongolie, entre la Russie au Nord, la Chine au Sud et le Kazakhstan à l’Est. Paysages sauvages, grandioses, sublimes, d’une beauté à couper le souffle, que nous avions déjà appréciés dans Urga de Nikita Mikhalkov ou Le dernier loup de Jean-Jacques Annaud (voir notre commentaire sous ce film). Mais alors que dans ce dernier film les moyens techniques employés étaient à la démesure du paysage, ici le tournage s’est révélé être un véritable défi. Avec un budget de 80 000 dollars, partant d’une photo aperçue dans un magazine, Otto Bell est parti à la rencontre de cette fillette, avec une équipe de quatre personnes et une seule camionnette ; ils ont eu à faire face à des conditions géographiques et climatiques extrêmes (jusqu’à moins 40° en février). Le résultat est absolument magique.

Réjouissant ensuite par les thèmes abordés. La relation homme/bête a toujours donné lieu à des films émouvants tendres et touchants, parfois cruels il est vrai. Ici c’est la relation d’une petite gamine de 13 ans, Aisholpan, et de son aigle royal qu’elle a élevé grâce à l’aide de son père, lui-même champion, et depuis des générations dans la famille, de chasse à l’aigle. La petite fille rêve de devenir chasseuse à l’aigle. Oui mais dans la tradition cette activité est réservée aux hommes et les anciens, consultés, disent bien qu’une femme doit élever les enfants et préparer le thé mais pas s’occuper de chasser. De ce point de vue le film nous délivre un message résolument féministe car son père, homme intelligent et moderne, croit à l’égalité entre homme et femme, croit surtout en sa petite fille douée et passionnée. À eux deux ils vont faire voler en éclats des siècles de tradition. La voir, avec ses joues rondes aux couleurs de l’enfance, trottiner sur son cheval, l’aigle au bras (8 kilos environ), s’exercer encore et encore avec son merveilleux père est un vrai bonheur. Elle n’en oublie pas moins d’être une petite fille qui va à l’école qui aime se coiffer, mettre du vernis à ongle. Mais elle n’est jamais aussi belle que lorsque elle est droite sur son cheval ou lorsque elle dresse son aigle juchée sur un éperon rocheux ; son sourire et ses yeux pétillants expriment un vrai bonheur communicatif.

Somptueux également par les scènes filmées. Je n’en citerai que deux vous laissant découvrir les autres : la scène où descendant encordée en rappel une pente très abrupte, toujours avec l’aide de son père, elle va chercher avec délicatesse le petit aiglon qui deviendra son compagnon ; la scène finale également, celle de la chasse au renard qui, même si l’on est pas chasseur, est particulièrement belle, dans des conditions climatiques très difficiles, une neige très épaisse dans laquelle les chevaux s’embourbent et des plaines gelées sur lesquelles ils patinent.

Vous sortirez de ce film avec de superbes images dans la tête et une grande part en vous du bonheur d’Aisholpan, si attachante.

 

 

 

2 Comments

  1. N’étant pourtant pas un adepte des « docu-fictions », ce film a fait voler en éclats toutes mes résistances ! Cette histoire – unique en son genre – est à la fois un documentaire et un conte… La trajectoire de cette adolescente m’a fait repenser à une phrase de Joseph Campbell (« Le héros aux 1000 et 1 visages ») : « Rares sont ceux qui ont un destin ; Seul y a droit le héros qui a plongé pour l’atteindre et qui a ressurgi en possession d’un anneau. »

Répondre à Lods Pierr-AlainAnnuler la réponse.