FESTIVAL DE CANNES 17 mai

 

Trois ans après le prix d’interprétation de Vincent Lindon pour La loi du marché, Stéphane Brizé revient à Cannes avec En guerre, toujours accompagné de Vincent Lindon. C’est un film de colère, de fureur, un film militant, engagé et nécessaire. Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi et empêcher la délocalisation. Récit inspiré d’une triste réalité. Vincent Lindon, contrairement au film précédent donne beaucoup de la voix. Il harangue, interrompt, mène la lutte, donne des conseils et des leçons à ses camarades syndicalistes. Il habite vraiment son rôle et c’est un combattant acharné qui n’a rien à perdre, un leader convaincu et déterminé, qu’on entend beaucoup. Cette violence sociale d’ouvriers qui se battent contre le monde des patrons, de la rentabilité, des dividendes versés aux actionnaires, de l’argent est rendue par la caméra à l’épaule de Brizé qui nous met au cœur des manifestations avec des flous, des ratés comme si nous étions malmenés directement par la foule. En nous menant au cœur des réunions entre syndicalistes, patrons et gouvernement Brizé nous montre la distance qu’il peu y avoir entre la réalité et les informations diffusées à la télévision sur le conflit. Ce film tape fort, tant par le propos que par la bande son. Un bémol toutefois : la présence constante et par trop envahissante de Vincent Lindon, seul acteur professionnel, qui éclipse un peu les autres.

Alice Rohrwacher, revient à Cannes pour son troisième long métrage Lazzaro Felice, Heureux comme Lazzaro. C’est l’histoire d’un paysan Lazzaro un peu simplet qui vit dans une campagne très rustique et pauvre et que tout le monde exploite. Il devient ami avec le fils de la propriétaire des terres qui est en rébellion contre sa mère, la marquise De Luca, qui exploite sans scrupules les pauvres gens et qui est un escroc en jupons. A un moment il tombe d’une très haute falaise et est tenu pour mort. Puis, comme le Lazard de la Bible il ressuscite mais 15 ans après. Il retrouve les siens plus vieux alors qu’il a gardé son aspect juvénile.

Il faut le talent d’un Edgar Poe pour raconter des histoires un peu fantastiques et qui nous enchantent. Ce n’est pas le cas de ce conte dont on se demande ce qu’il veut dire et quels symboles il peut bien vouloir représenter. La différence entre le monde ancien et notre monde actuel ? On n’ose y croire. Le film ne manque pas de qualités techniques et de belles prises de vue. La critique a été plutôt élogieuse et comme film d’une femme elle risque d’avoir une récompense. J’en serai navrée car ce n’est pas la conception que je me fais de ni de la parité ni du cinéma.

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