AVIGNON 22 juillet

STORY WATER d’Emmanuel GAT

Je termine mon programme du festival d’Avignon par de la danse contemporaine, comme je l’avais commencé.

Emmanuel Gat, né en 1969 en Israël, est un chorégraphe de danse contemporaine. Ancien sportif, il étudie la musique à la Rubin Academy of Music pour devenir directeur d’orchestre et découvre la danse à 23 ans. Il travaille alors avec les chorégraphes et pédagogues israéliens Liat Dror et Nir Ben Gal. Ses premières chorégraphies à succès datent du début des années 2000, mais il sera particulièrement remarqué grâce à la création de son Sacre du printemps et de Voyage d’hiver qui seront récompensés en 2006 par un Bessie Award. Il fonde sa propre compagnie Emanuel Gat Dance en 2004 à Tel Aviv, avant de s’établir en France, avec sa famille (sa femme et ses cinq enfants), à la Maison de la danse intercommunale d’Istres en octobre 2007. Il collabore également avec des compagnies internationales comme invité. En 2013, il est l’artiste associé du Festival Montpellier Danse pour lequel il chorégraphie quatre pièces très remarquées. Il est également artiste associé à Chaillot-Théâtre national de la danse et à la Scène nationale d’Albi. Son travail est très lié à la musique.

Story water réunit sur le plateau de la Cour d’honneur du Palais des Papes 5 danseuses et 5 danseurs avec l’Ensemble Modern de Francfort qui joue la musique de Pierre Boulez (Dérive 2 pour 11 instruments), de Rebecca Saunders (Fury II concerto pour contrebasse solo et ensemble) et d’Emmanuel Gat lui-même avec l’Ensemble Modern (FolkDanse). Le sol de la scène est d’un blanc immaculé ainsi que les musiciens, les instruments et les danseurs eux-mêmes au début de la pièce, dans une lumière très blanche qui inonde le plateau et la cour. Le spectacle est très original. Il débute par une sorte de prologue avec deux groupes de danseurs qui semblent chercher et inventer la chorégraphie. Puis se succèdent plusieurs parties dans lesquelles les interprètes semblent construire la pièce dans un accord parfait avec la musique mathématique de Boulez, plus physique de Saunders et presque arabisante et enjouée de Gat et des musiciens. Ce qui donne, nous dit le dépliant du spectacle, « une histoire en temps réel, jamais exactement la même chaque soir », ce que je n’ai pu évidemment constater. Le titre de la pièce est tiré d’un poème soufi «Une histoire, c’est comme l’eau Que tu fais chauffer pour ton bain Elle porte les messages entre le feu Et ta peau ». Pour Emmanuel Gat dont le langage chorégraphique est centré sur le mouvement pur, le corps est le véhicule de la danse. Des inscriptions sur le mur du Palais nous donnent les étapes de la pièce. À un moment son spectacle devient politique quand il projette des statistiques terribles sur la situation humanitaire à Gaza, que ce soit sur la densité de la population, la plus élevée au monde, le pourcentage d’eau potable (2%), le chômage des jeunes (69%), ou le nombre de personnes qui comptent sur l’aide humanitaire pour leurs besoins de base (84%). Certes ce tournant de la pièce est inattendu. Il vient sans doute des raisons pour lesquelles Emmanuel Gat a quitté Israël : « Je ne voulais pas que mes enfants grandissent dans un pays dont je ne partage pas les options du gouvernement. Ni qu’ils fassent le service militaire. »

Ce spectacle n’a pas fait l’unanimité de la critique. Personnellement je l’ai apprécié tant pour l’originalité du choix musical, de la chorégraphie, de la scénographie et de la lumière, toutes œuvres d’Emmanuel Gat.

Laisser un commentaire