Le Miracle du Saint Inconnu

Auteur : Alaa Eddine Aljem né en 1988, étudie le cinéma à l’ESAV de Marrakech puis à l’INSAS à Bruxelles en master réalisation, production et scénario. Il travaille pour le cinéma et la télévision en tant que scénariste et assistant réalisateur avant de fonder avec Francesca Duca, Le Moindre Geste, une société de production basée à Casablanca. Alaa réalise plusieurs courts-métrages de fiction dont Les Poissons du Désert en 2015 qui remporte le grand prix du meilleur court-métrage, le prix de la critique et du scénario au Festival National du film au Maroc et est sélectionné dans de nombreux festivals internationaux. Le Miracle du Saint Inconnu est son premier long métrage, tourné à Marrakech. Il a été sélectionné à Cannes dans la Semaine de la Critique.

Résumé : En fuite dans le désert, un truand enterre un sac rempli de billets au sommet d’une colline dans une tombe bricolée à la va-vite, juste avant d’être arrêté. À sa sortie de prison, dix ans plus tard, il se précipite sur les lieux pour récupérer son bien. Problème : l’aride colline est devenue un lieu de culte où les pèlerins se pressent pour adorer celui qui y serait enterré, et à l’emplacement de la cachette a été construit un mausolée, objet d’une dévotion fervente de la part des habitants du village voisin, surveillé jour et nuit…

Analyse : Si vous voulez vous détendre, si vous aimez l’humour subtil, la fable burlesque, le loufoque, l’absurde, allez voir ce très joli premier long métrage marocain. Ce jeune metteur en scène a su aborder un sujet aussi sensible que la religion, ses croyances absurdes et ses dérives mercantiles, sans être inquiété par la censure, toujours très sensible sur ce terrain ; c’est dire que son humour est suffisamment malin et ses gags particulièrement bien venus pour s’en sortir avec le sourire. Ce n’est pas sans rappeler l’atmosphère, récemment vue, d’un Elia Souleiman (It must be heaven). On y rencontre une galerie de personnages excentriques et des situations désopilantes, la bêtise gentille, un aide infirmier qui s’ennuie, le médecin fraichement nommé qui par l’effet des circonstances se transforme en vétérinaire, une barbier arracheur de dents, des femmes qui consultent tous les jours, pour se distraire, sauf le jour du hammam, un brigand secondé par un acolyte surnommé « le Cerveau » parce qu’il est « vraiment con », un chien auquel on pose des dents en or … et tout à l’avenant. Rien ne se passe comme prévu dans ce film qui sait parfaitement maîtriser le comique de situation et de répétition, avec une mise en scène épurée et efficace, des dialogues percutants, qui au passage, dénoncent l’obscurantisme des dévots et la superstition des naïfs. Un premier film plein de promesses, une agréable surprise.

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