Montpellier danse 3 juillet 2022

Dominique Bagouet (1951-1992) est un danseur et chorégraphe français. En 1965 il commence la danse à Cannes, puis au Ballet du Grand Théâtre de Genève et chez Maurice Béjart à Bruxelles. Il découvre l’enseignement de Carolyn Carlson à l’Opéra de Paris, celui de Peter Goss, et fait partie de Chandra, le groupe d’anciens danseurs de Mudra. En 1974 il part pour les États- Unis où il acquiert les techniques de Martha Graham et de José Limón avant d’aborder la danse postmoderne avec Merce Cunningham, Trisha Brown et Lar Lubovitch, entre autres. En France, en 1976, il présente sa première chorégraphie, Chansons de nuit, pour laquelle il obtient le premier Prix au Concours de Bagnolet. Il fonde la compagnie Dominique Bagouet et s’établit à Montpellier où il devient directeur, dès 1980, de l’un des premiers Centres chorégraphiques régionaux (devenu Centre chorégraphique national en 1984) jusqu’à sa disparition en 1992. En 1981, il crée le premier Festival international Montpellier Danse. Il enchaine les créations et s’accompagne de musiciens comme Gilles Grand, Denis Levaillant, Tristan Murail, Pascal Dusapin, mais également d’artistes plasticiens comme Christian Boltanski, William Wilson ou Christine Le Moigne. Malgré sa disparition prématurée il laisse une œuvre abondante et est considéré comme un des chorégraphes importants du renouveau de la danse d’auteur des années 1980, mouvement également appelé nouvelle danse française. 

Le festival de danse de Montpellier a fermé ses portes. Quelques spectacles ont dû être annulés en raison de l’épidémie de Covid, notamment celui d’Anne Teresa de Keersmaeker que j’aurais beaucoup aimé voir.  Le dernier spectacle était la dernière création de Dominique Bagouet (1991) : Necesito, pièce pour Grenade. Effectivement, des musiques du Maghreb et d’Espagne égrènent sa chorégraphie. Les interprètes (six danseuses et trois danseurs) entrent sur scène comme dans un musée que l’on visite ; regardant attentivement certaines œuvres, s’extasiant. Au sol des fragments de mosaïques. En fond, des bruits d’eau qui ne sont pas sans rappeler la Citerne Basilique à Istanbul. Ce spectacle comporte de beaux passages dansés en collectif. Mais l’ensemble où chaque danseur et danseuse joue sa partition individuellement ne dégage aucune émotion et donne parfois une impression d’incohérence. Certaines effectuent des gestes saccadés de métronome, d’autres poussent des petits cris d’enfants ou de bêtes, d’autres dansent dans leur coin, d’autres encore s’étendent en regardant les autres. Aucune esthétique ne se dégage d’un spectacle qui s’est voulu hétérogène, « changeant sans cesse de nature, … qui rend énigmatique toute la pièce » (Isabelle Ginot, dans le programme du spectacle). C’est bien justement ce côté énigmatique et incompréhensible qui gêne le spectateur et le prive de toute émotion que peut susciter cet art merveilleux de la danse contemporaine.

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