The Fabelmans

Auteur : Steven Spielberg, né en 1946, est acteur, scénariste, réalisateur et producteur américain. Issu du Nouvel Hollywood, mouvement cinématographique américain des années 60 à 80 qui a modernisé la production de films à Hollywood, il a commencé sa carrière en réalisant des séries télévisées et des films mineurs. Il se révèle au grand public international par le film Duel (1971). On a coutume de diviser en deux parties sa nombreuse filmographie. La première relève du cinéma dit de divertissement. On y trouve notamment Les dents de la mer, la saga des Indiana Jones, Jurassic Park, Minority Report, Rencontre du troisième type, E.T. ou La guerre des mondes. La seconde regroupe des films dits sérieux, intimistes ou historiques, comme notamment Cheval de guerre, Empire du soleil, Il faut sauver le soldat Ryan, La liste de Schindler, La couleur pourpre, Lincoln, Munich, Le pont des espions ou The Fabelmans qui est son 36ème long métrage pour lequel il a reçu de nombreux prix (Toronto, Golden Globes, Oscars).

Interprètes : Gabriel LaBelle (Sammy Fabelman) ; Michelle Williams (la mère, Mitzi) ; Paul Dano (le père, Burt) ; Julia Butters (Reggie, sa sœur) ; Chloe East (Monica, sa sœur) ; Judd Hirsch (l’oncle Boris), Davis Lynch (John Ford) ; Seth Rogen (Bennie, l’ami).

Résumé : Ce film nous plonge dans l’histoire familiale du cinéaste qui a façonné sa vie personnelle et professionnelle. À partir du récit initiatique d’un jeune homme solitaire qui aspire à réaliser ses rêves, le film explore son ambition artistique et nous montre la naissance d’un grand cinéaste. 

Analyse : Ce film est un monument, une œuvre magnifique et captivante deux heures et demi durant. La critique l’a encensé unanimement, à juste titre. C’est l’œuvre la plus personnelle, la plus intime de ce réalisateur de 76 ans, qui nous éclaire sur toutes les traces de sa biographie qu’il a laissées dans son œuvre. Il retrace la naissance de sa passion pour le cinéma et son contexte familial. La première séquence du film reconstitue le moment où le petit Sammy (double de Steven Spielberg) se rend à sa première séance de cinéma avec ses parents. On est en 1952. On y joue Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille. Sur le visage de l’enfant on lit la sidération, la fascination, particulièrement à la scène du braquage du train et du carambolage de la voiture des bandits avec un autre train. Au point d’en faire des cauchemars et de vouloir reconstituer ce choc émotionnel sur son circuit de train chez lui, puis de le filmer avec sa première caméra. Au point que son père tente de le rassurer en lui expliquant comment fonctionne le principe technique de la projection cinématographique, la persistance rétinienne. Un réalisateur est né. Il passe son temps à filmer sa famille, puis il imagine de petits films amateurs dans le genre western, déjà sophistiqués, interprétés par ses sœurs, ses amis, ses camarades de classe. Il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, artiste de tempérament, mais nullement par son père scientifique qui considère sa passion come un hobby. Ceci crée une tension chez cet adolescent, au point de vouloir, à un moment, renoncer à sa vocation ; mais sa rencontre en toute fin du film avec John Ford sera déterminante. Moments joyeux mais également douloureux dans cette famille « chaotique » comme lui dit sa sœur. À la faveur du tournage d’une partie de camping avec ses parents et le meilleur ami de son père, Sam découvre le secret de sa mère qui annonce l’effondrement à venir de leur vie familiale, dont il restera durablement meurtri. 

Outre l’intérêt autobiographique de ce film Spielberg nous montre ce que pouvait être la vie d’une famille juive en Amérique dans les années 1950 à 1970, l’antisémitisme dont elle pouvait être victime et dont il a souffert personnellement à l’université. Un film émouvant par l’immense tendresse et la bienveillance qu’il porte aux membres de sa famille. Un grand hommage également au cinéma, à la puissance de l’image, et un encouragement à persévérer pour ceux et celles qui ont la vocation pour cet art merveilleux. 

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