
Autrice : Carine Tardieu est une actrice, scénariste, réalisatrice française de 51 ans. Elle a toujours été attirée par la sinuosité des relations humaines, surtout au sein de la famille. Après des courts métrages elle réalise en 2007 son premier long : La tête de maman après le décès de sa mère. Puis Du vent dans les mollets en 2012 qui obtient un beau succès. Il faudra attendre 2017 pour son 3ème long métrage Ôtez-moi d’un doute. Après Les Jeunes amants (2022), elle réalise L’Attachement, adaptation libre du roman d’Alice Ferney, L’Intimité. Ce film a été sélectionné à la Mostra de Venise 2024.
Interprètes : Valéria Bruni Tedeschi (Sandra) ; Pio Marmaï (Alex) ; Vimala Pons (Emilia) ; Raphaël Quenard (David) ; César Botti (Elliot).
Résumé : Sandra est célibataire par choix. Elle tient une librairie et est très soucieuse de préserver son indépendance. Un jour elle se voit contrainte de partager l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants ; elle finit par s’attacher à cette famille d’adoption.
Analyse : Si je ne craignais pas les jeux de mots faciles je dirais que c’est un film très attachant. En réalité attachant par plusieurs de ses aspects. Le premier c’est qu’il nous est rapidement familier car il nous parle de ce qu’est la vie quotidienne et d’évènements que nous avons tous ou toutes plus ou moins vécu. Quoi de plus banal que l’attachement d’un mari pour sa femme, la sidération et la recherche d’affection après le départ brutal de celle-ci quand rien ne vous y préparait, quoi de plus banal qu’une famille recomposée et l’attachement d’un beau-père pour son beau-fils, une femme qui aime d’un amour infini des enfants qui ne sont pas siens. D’où cette sensation de familiarité immédiate et d’être de plein pied dans l’action. Mais ceci n’est qu’un élément car c’est un film plein de sensibilité, de délicatesse, d’émotion. La sensibilité particulièrement en raison du jeu de tous les acteurs. Sans les citer tous, en tête Valéria Bruni-Tedeschi qui joue le rôle de Sandra, célibataire assumée, gentiment féministe. Habituellement je n’aime pas trop le jeu de cette actrice, souvent trop geignarde à mon goût. Mais il faut dire que dans ce rôle elle est merveilleuse de délicatesse, de retenue, de dignité aussi. Grâce également à Pio MarmaÏ, remarquable en veuf complètement déchiré par le deuil, égaré par la situation qu’il vit avec une justesse sidérante. Et les autres, Vimala Pons et Raphaël Quenard auquel on ne pourra pas reprocher de faire du Quenard, méconnaissable avec sa petite moustache, plein de bonne volonté pour le bonheur de son fils. Ce petit garçon, Elliot, merveilleux de lucidité, tient des propos percutants qui déstabilisent au début Sandra. Elle est devant cet enfant totalement maladroite, n’ayant visiblement pas le mode d’emploi. Puis au fil du film on la voit se dégeler, sa carapace se fissure jusqu’à disparaitre dans une seconde famille qui l’a choisie plus qu’elle ne l’aurait choisie. Une mise en scène juste, toujours à bonne distance. Un film qui malgré le drame n’est pas dénué d’humour, avec des dialogues intelligents, mélancoliques, gais, légers, profonds. Un film qui échappe à toute mièvrerie, élégant, bouleversant qui mérite d’être vu.