Partir un jour

Autrice Amélie Bonnin, est une réalisatrice, scénariste et directrice artistique française, née en 1985. Elle suit un stage au cours Florent puis poursuit ses études dans une école d’attachée de presse à Paris. Elle est inscrite à l’école d’art Olivier-de-Serres, qui prépare aux concours des écoles d’art, ce qui lui permet de devenir directrice artistique dans une agence de publicité. Après un passage par Montréal, où elle se perfectionne en graphisme, elle s’inscrit à La Fémis pour se former à l’écriture de scénarios, tout en continuant à travailler dans une agence de publicité, puis pour une revue trimestrielle féministe, La Déferlante. Elle réalise en 2012 son premier documentaire qui est diffusé sur Arte, La Mélodie du boucher, puis en 2017 La Bande des Français pour France 3. De 2018 à 2023, elle tourne un nouveau court-métrage, musical cette fois, intitulé Partir un jour qui lui vaut le César du meilleur court métrage de fiction et le prix du public au festival de Clermont. Elle réalise ensuite son premier long métrage sur le même thème et le même titre, avec un scénario écrit par elle et son compagnon Dimitri Lucas. C’est la première fois qu’un premier long métrage est retenu comme film d’ouverture du festival de Cannes.

Interprètes : Juliette Armanet (Cécile) ; Bastien Bouillon (Raphaël) ; François Rollin (Gérard, le père) ; Dominique Blanc (Fanfan, la mère) ; Tewfik Jallab (Sofiane, le compagnon de Céline).

Résumé : Alors que Cécile s’apprête à réaliser son rêve, ouvrir son propre restaurant gastronomique, elle doit rentrer dans le village de son enfance à la suite de l’infarctus de son père. Elle recroise son amour de jeunesse et ses certitudes vacillent…

Analyse : Ce film a fait l’ouverture du festival de Cannes cette année. C’est un film plein de charme, grave et léger, doux-amer, drôle et mélancolique, un film musical qui reprend quelques tubes fameux de la chanson française. Il ne faut pas oublier que Juliette Armanet est une chanteuse, qui, dans ce film, se révèle une excellente comédienne, pleine d’aisance et de naturel. La réalisatrice Amélie Bonnin dont c’est le premier long métrage, a d’abord réalisé un court métrage éponyme. Son long métrage, plus étoffé, est tout aussi attachant. Il dégage pour les personnages une tendresse qui nous touche. Céline (Juliette Armanet) au tournant d’une vie qu’elle avait imaginée toute tracée, obligée de quitter son restaurant et son compagnon pour s’installer provisoirement dans le restaurant routier de son père et qui fait le choix, toujours courageux, de ne pas garder l’enfant qu’elle porte. Elle exprime ses sentiments en chansons et a des yeux qui parlent pour elle. Raphaël (Bastien Bouillon), au charme absolument craquant, séduisant en diable, qui revit des sentiments enfouis, jamais éteints pour Céline, et c’est bien réciproque. Quant au couple des parents, François Rollin et Dominique Blanc, ils sont bouleversants de vérité. Un film qui nous parle certes de cette nostalgie d’un doux passé qui vous donne un vague à l’âme avec l’envie de recommencer et la crainte de le déflorer, mais aussi de déracinement, de honte de classe d’un père face à une fille qui a mieux réussi que lui dans son domaine car elle a été lauréate de l’émission Top chef. Un film qui laisse percer une certaine mélancolie mais qui nous entraine avec bonheur dans des chansons qu’on a aimé et tellement chanté, depuis le tube des 2Be3 de la fin des années 1990, qui donne son titre au film, en passant par Dalida, Nougaro, Delpech, K-Maro, Benabar ou Cabrel. Ce qui n’est pas sans faire penser au film d’Alain Resnais On connaît la chanson avec cette différence que ce sont les acteurs qui chantent, les chansons ayant été enregistrées en live sur le plateau. Plusieurs belles scènes, notamment un duo charmant entre Céline et Raphaël dans une patinoire, avec des flash-back de leur première rencontre dans ce lieu, ou le départ en camion de Céline accompagnée un temps par son chien et Raphaël à moto. Amélie Bonnin a voulu nous transmettre ce constat nostalgique « Il ne suffit pas de quitter les choses pour que les choses nous quittent ».

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