Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

Auteur : Pat Boonnitipat est un réalisateur, scénariste thaïlandais, né en 1990 dans une famille sino-thaïlandaise. Il a obtenu une licence à la faculté des arts de la communication de l’université Chulalongkorn. Bien qu’il se soit spécialisé en gestion de la communication, il s’est intéressé au cinéma et a acquis de l’expérience en tournage grâce à des activités extrascolaires. Après avoir obtenu son diplôme, il a été invité à participer à la production de la série pour adolescents Hormones en tant que directeur de la photographie, qui a rencontré un franc succès. Il a co-réalisé une série humoristique et a également réalisé un documentaire télévisé. Il a réalisé ensuite des travaux pour la télévision. En 2024 il réalise son premier film en tant que réalisateur, Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère). Le film a reçu un accueil extrêmement positif, battant des records au box-office pour la Thaïlande et dans toute l’Asie du Sud-Est. Il a été inscrit sur la « short list » pour représenter son pays aux Oscars.

Interprètes : Putthipong Assaratanakul (M.) ; Usha Seamkhum (Amah).

Résumé : Quand M, un jeune homme désœuvré, apprend que sa grand-mère Amah est malade, il voit une opportunité de mettre fin à ses galères. En jouant les petits-fils modèles, il compte bien décrocher l’héritage. Mais gagner ses faveurs est loin d’être une mince affaire, d’autant que la grand-mère est parfaitement lucide. Ce qui commence comme une mission intéressée devient peu à peu l’histoire d’un petit-fils et d’une grand-mère qui n’ont rien en commun et qui apprennent à se connaître…

Analyse : Encore un film qui nous vient d’Asie, une pépite, un premier film thaïlandais à très gros succès sur le thème de la vieillesse et du conflit de générations. Le titre accrocheur risque de décourager. Mais en réalité on se retrouve devant une chronique douce-amère avec un petit-fils, M., aux visées très précises, et une grand-mère, Amah, qui n’est pas du tout dupe. Elle a un caractère rugueux, une personnalité bien affirmée et est parfaitement lucide sur les intentions du jeune homme. Elle lui dit d’ailleurs « Toi aussi, tu sèmes pour récolter, non ? », car il n’est pas seul sur les rangs. Il subit la rude concurrence de sa mère et de ses oncles, tout aussi avides que lui. Ce film ne nous donne pas une image très flatteuse de la Thaïlande, d’une société qui se désintéresse du sort de ses vieux, condamnés à vivre seuls, où l’argent prend une grande place dans les relations familiales. Mais est-ce seulement le cas de la Thaïlande ? Le film comporte une lueur d’espoir, car à vivre aux côtés de cette grand-mère peu commode, M. apprend à l’aimer et à perdre de vue ses objectifs premiers. Quant à Amah, elle aussi s’adoucit au contact de ce petit fils qui devient attachant. L’habileté du film est qu’on ne sait jamais très bien quand s’opère cette bascule et   l’ambiguïté est maintenue jusqu’à une fin très émouvante où M. montre la sincérité de ses sentiments qui sont loin de ceux du début. Un film qui ne manque pas d’un humour parfois mordant, de tendresse, d’émotion, qui aborde des sujets aussi sérieux que les relations intergénérationnelles, la solitude des aînés, les problèmes d’héritage, avec sensibilité, finesse, élégance, et une maturité étonnante pour la première œuvre d’un jeune réalisateur. Les deux comédiens sont parfaits dans leur complicité ; Putthipong AssaratanakulM., pop star dans son pays, et Usha Seamkhum, Amah, 78 ans, pour la première fois au cinéma devenue la coqueluche des réseaux sociaux, ont contribué au très grand succès du film en Asie du Sud-est. 

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