FESTIVAL DE CANNES 19 mai

Les derniers films que je voudrais partager avec vous sont d’abord celui de Matteo Garrone, Dogman. Ce film a été tourné dans une petite ville près de Naples désertée par ses habitants et aux mains de la mafia nigériane où règne prostitution, drogue et trafic en tout genre. Le réalisateur est parti d’un fait divers qu’il a transformé. C’est un conte sur un toiletteur de chiens persécuté par une brute. Dans une banlieue déshéritée d’une ville du sud de l’Italie, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne, brute épaisse qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce… Film magnifiquement interprété par Marcello Fonte qui campe un personnage confondant de gentillesse et de naïveté. Cinéma réaliste d’une Italie contemporaine avec sa violence ordinaire. Un film sur la peur nous dit le cinéaste. Un bon film sans surprise

Nadine Labaki, après Et maintenant on va où ? vu à Cannes en 2011 présente un film fort et ambitieux sur toute la misère du monde, Capharnaüm. Enfance maltraitée, misère, migrants sans papiers, prisons. Certes elle a abordé beaucoup de sujets. Le film nous conte les aventures d’un enfant de 12 ans, Zain, qui dans les premières scènes paraît devant un juge pour enfants. Il a en effet poignardé le mari de sa sœur de 11 ans auquel elle avait été vendue par ses parents et qui est morte parce qu’enceinte. Il veut intenter un procès à ses parents parce que, dit-il, ils l’ont mis au monde. Dans son errance il rencontre Rahil, émigrée éthiopienne, exploitée par des faiseurs de faux papiers, mère d’un bébé de deux ans. Elle le recueille et lui demande de s’occuper de son bébé pendant son absence. Un jour elle part à son travail et ne revient pas car elle se fait arrêter par la police. Zain doit s’occuper seul du petit garçon de deux ans. Très beau film, certes plus modeste que d’autres, mais sensible et plein d’humanité. Les deux enfants sont exceptionnels à la caméra. Misérabiliste diront certains ou tire larmes. Non ce film est d’un réalisme qui nous glace le cœur. J’espère beaucoup pour ce film.

Un troisième film, celui de Yann Gonzalez, Un couteau dans le cœur. Anne est productrice de films porno gays. Elle est elle-même lesbienne. Le film peut se résumer en : scènes d’amour homosexuels, drogue, alcool et pour pimenter le tout quelques petits meurtres. De surcroit Vanessa Paradis joue très mal…

Enfin, Ayka de Serguey Dvotsevoy. Encore un film sur les dérives de la société russe. Film noir très noir. Ayka est une jeune femme qui vient d’une ex-république soviétique ; elle essaie de s’en sortir grâce à des petits boulots. Au début du film elle est dans une maternité car elle vient d’accoucher. Tandis qu’on l’attend pour allaiter son enfant elle s’enfuit en l’abandonnant. On apprendra plus tard que cet enfant est le fruit d’un viol. Elle a évidemment des saignements et des montées de lait très douloureuses. Malgré cela elle continue de chercher du travail. Elle se fait exploiter par des logeurs qui hébergent dans des conditions indignes des non-russes ; elle est menacée par des mafieux auxquels elle a emprunté de l’argent pour s’installer comme couturière et qu’elle ne peut pas rendre. Film sans aucun espoir car l’avenir est complètement plombé. Les mafieux lui proposent d’aller chercher son enfant pour le vendre. Je ne dévoilerais pas la fin, où elle se trouve dans une situation désespérante. Pour créer cette atmosphère terrible le réalisateur a utilisé exclusivement des gros plans à tel point qu’on ne voit quelques fois que le dos de certains personnages, sans jamais voir leur visage. C’est terrible, et magnifiquement bien joué par Samal Yesyamova qui rend très bien la souffrance tant physique que morale d’Ayka. Un très bon film au thème désespérant.

Ce festival 2018 se termine. Vous avez perçu mes préférences au cours de mes commentaires. Je vous ferai part du palmarès qui n’est pas encore public.

One Comment

  1. Nous avons vécu le festival comme si nous y étions à travers vos différentes rubriques. Merci pour ce travail herculéen.

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