La vie scolaire

Auteurs : Fabien Marsaud est né le 31 juillet 1977, au Blanc-Mesnil, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Passionné de sport, particulièrement de basket, il atteint dans cette discipline le niveau national. Il passe un baccalauréat littéraire puis obtient un diplôme d’études universitaires générales en Science et techniques des activités physiques et sportives (STAPS). A 20 ans, lors d’une colonie de vacances qu’il anime, il plonge dans une piscine au niveau d’eau trop bas. Il en ressort tétraplégique incomplet et entre en rééducation pendant une année complète dans un centre spécialisé. Épisode qu’il racontera en 2012 dans un livre Patients. Il découvre le slam en 2003 et en référence à son accident et à sa taille (1,96 m) il prend le nom de scène de Grand Corps Malade. Commence alors une brillante carrière poétique et musicale. Il réalise en 2017 un film, tiré de son livre et de son expérience, Patients, qui a obtenu le prix des lycéens et le prix d’interprétation masculine au festival de Sarlat (voir la fiche de ce film à la date du 28 mars 2017). La vie scolaire est son deuxième film. Il est marié et père de deux enfants.

Mehdi Idir est un ancien danseur hip-hop : passionné d’audiovisuel et autodidacte Mehdi Idir réalise ses premières vidéos dédiées à la culture urbaine en 2002. Après s’être perfectionné aux techniques de cadrage et de montage vidéo, il produit et réalise son premier documentaire en 2004. Il réalise depuis 10 ans les clips vidéo du slameur/rappeur Grand Corps Malade. Il a réalisé avec lui le film Patients et La vie scolaire.

Résumé : Samia, jeune conseillère principale d’éducation (CPE) (anciennement la « surveillante générale »), novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre, tout au long d’une année scolaire, les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale du quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Samia doit s’adapter et prend bientôt plaisir à canaliser cette jeunesse turbulente. Sa situation personnelle compliquée la rapproche de Yanis, un ado vif et intelligent, dont elle a senti le potentiel, mais qui semble vouloir renoncer à tout avenir. Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un futur meilleur…

Analyse : La vie scolaire est le second film de Grand Corps Malade, co-réalisé, comme son premier, avec Mehdi Idir. Cette fois ils sont allés là où ils ont vécu dans leur enfance, à Saint-Denis, dans le quartier du Franc-Moisin, dans un collège réputé difficile, pour filmer une année dans la classe SOP, c’est-à-dire des sans options, pudiquement des cancres. Certes le propos n’est pas nouveau. Les films sur une classe d’adolescents dans un établissement en milieu défavorisé sont nombreux. On se souvient, notamment, de Entre les murs de Laurent Cantet, Palme d’or 2008 à Cannes. Mais ici le point de vue est différent. Ce film ne s’attache pas exclusivement au contexte social et au rapport élèves-professeurs. Il donne la vision de ce collège à travers le travail de la CPE, formidable Zita Henrot, qui sait jouer sur le registre de la fermeté, de la douceur, de l’empathie, de l’autorité, et de l’équipe des surveillants. De plus il y ajoute cette touche d’humour et de tendresse qui était déjà la marque de Patients. Les auteurs se sont entourés d’acteurs professionnels et de non professionnels recrutés sur place. La mise en scène est tellement précise, soignée et rigoureuse qu’on à l’impression d’être dans un documentaire sur un collège de Saint-Denis. Ces gamins sont d’un naturel époustouflant, drôles, insolents, spontanés, convaincants, provoquants à souhait et terriblement attachants. On sent la générosité et l’empathie des auteurs à leur égard. Ce film est plein d’amour, d’humour et de tendresse, surtout envers les plus insupportables comme cet élève, Farid, à l’imagination débridée pour justifier ses retards, ce qui provoque le sourire plus que l’agacement. Les auteurs ont également un regard bienveillant et plein de dignité envers ces professeurs, véritables héros des temps modernes, qui avec humanité, sans a priori et jugement, le courage chevillé au corps, arrivent à faire régner l’ordre et à tirer vers le haut ces jeunes souvent sans repères, sans famille véritable ou parfois manquant de nourriture. Passage très émouvant lorsque la CPE qui s’apprête à réprimander un voleur de pommes à la cantine, apprend par une élève de la classe qu’il ne mange pas à sa faim chez lui. 

Un très beau film, plein d’énergie, d’élan vital, et d’espoir, qui nous donne un autre regard sur ces jeunes que l’on dit « des banlieues ».

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