Montpellier Danse 7 juillet

CRWDSPCR / RAINFOREST / SOUNDDANCE

Merce Cunningham a fêté le 16 avril 2009 ses 90 ans. Il s’est s’éteint quelques mois plus tard, le 26 juillet 2009. Il est considéré comme le précurseur de l’avant-garde en matière de danse contemporaine. Après des études de lettres et de théâtre, il est entré au Cornish Institute of Applied Arts, à Seattle, où il a rencontré le musicien John Cage qui sera son compagnon et collaborateur. Après un passage comme danseur dans la compagnie de Martha Graham, il commence ses propres chorégraphies en totale rupture avec l’expressionnisme de Graham, inspiré par le livre chinois des « mutations », (le Yi-King), auxquelles il associe le peintre Robert Rauschenberg. En 1953 il crée sa propre compagnie avec laquelle il bouscule les habitudes : pas d’argument, pas de rapport à la musique. La reconnaissance publique et critique viendra plus tard, en particulier en France, où Merce Cunningham aura une influence importante sur ce qu’on a appelé la « jeune danse française » (années 1970-1980). Il aura révolutionné la façon de penser la danse : en la rendant indépendante de la musique qu’elle n’illustre pas, en laissant le mouvement parler de lui-même, sans le charger d’une histoire à raconter ou d’un sentiment à exprimer. « Tout ce qui est vu trouve sa signification à l’instant même. Le sujet de la danse, c’est la danse elle-même. » Il s’est montré précurseur dans l’utilisation des nouvelles technologies : possibilités offertes à la danse par le film, la vidéo et les programmes informatiques pour construire la chorégraphie, reproduction du mouvement par des capteurs lumineux posés sur les corps des danseurs. Pendant 70 ans – et avec quelques 200 pièces pour lesquelles il a su solliciter les artistes de son temps (Andy Warhol, Jasper Johns, David Tudor, Earle Brown, mais aussi Radiohead) – Cunningham aura été à la pointe de l’avant-garde. Resté un chorégraphe et pédagogue particulièrement actif jusqu’à sa mort, il a bénéficié des plus hautes distinctions accordées dans le monde de l’art. Sa vie et son œuvre ont donné lieu à la publication de quatre ouvrages, à trois importantes expositions ainsi qu’à un long métrage de la réalisatrice russe Alla Kovgan, Cunningham (Voir la fiche du 25 janvier 2020). 

Sont dansées, par les danseurs et danseuses du CCN-Ballet de Lorraine, vu.e.s dans la pièce de Michèle Murray (Dancefloor, voir fiche précédente), trois chorégraphies du maître, d’une étonnante modernité et qui n’ont pas pris une ride. 

D’abord CRWDSPCR (1993) qui est dansée pour la première fois par une autre compagnie que celle de Cunningham, est la première pièce à avoir été conçue à l’aide des nouvelles technologies et dont le titre évoque l’informatique. La matérialité du corps et du mouvement y est explorée avec le logiciel Life forms devenu Dance forms qui propose des mouvements inédits pour le danseur qui doit incarner les gestes de son double cybernétique à l’écran. Jusqu’à la fin de sa vie, Cunningham offrira une pure présence des formes grâce à ce nouvel outil de travail révolutionnaire.

Puis Rainforest (1968) fait danser librement dans l’air les célèbres Silver Clouds d’Andy Warhol, ces ballons argentés qui flottent dans l’espace, car gonflés à l’air et à l’hélium. Leur mouvement, comme celui des interprètes, repose sur un processus aléatoire et une forme de circularité dans la filiation de Dada et Duchamp.

Dans Sounddance (1975) les interprètes entrent et disparaissent avec rapidité et énergie dans un rideau doré drapé qui les crache ou les engloutit. Il se dégage une dynamique, une énergie qui clôt une soirée où l’on retrouve le plaisir toujours renouvelé de revoir les chorégraphies de Merce Cunningham

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