MONTPELLIER DANSE 25 juin

El Baile par Mathilde Monnier et Alan Pauls (création).

Mathilde Monnier, née en 1959, est une chorégraphe française de danse contemporaine. Ancienne directrice pendant vingt ans du Centre chorégraphique national de Montpellier, elle est nommée, fin 2013, à la tête du Centre national de la danse à Pantin. Elle est l’auteure d’une cinquantaine de pièces qui toutes montrent un travail en constant renouvellement et qui questionnent la musique ou la mémoire. Après s’être intéressée à l’écriture du jazz auprès de Louis Sclavis (Chinoiserie et Face nord en 1991), elle interroge le corps et les espaces liés à la notion de communauté. Elle s’engage dans des actions en Afrique et à Montpellier (auprès de personnes atteintes d’autisme), expériences qui lui ouvrent de nouvelles dimensions. Après un séjour au Burkina Faso où elle travaille avec Salia Sanou et Seydou Boro, elle crée Pour Antigone (1993) avec des danseurs africains et occidentaux, tandis que L’Atelier en pièces (1996) s’attache au corps et l’enfermement notamment autour de l’autisme. Développant les questions de société, elle prospecte le désordre intérieur jusqu’aux limites de la folie dans les pièces Déroutes (2003) ou Publique (2004). Elle est une fidèle du festival d’Avignon.

En 2005, la réalisatrice Claire Denis lui consacre un film documentaire intitulé Vers Mathilde.

Alan Pauls est un écrivain argentin né en 1959. Fils d’un émigré allemand qui a fuit le nazisme, il fait ses études au lycée français de Buenos Aires et est un fin connaisseur de la littérature classique française. Professeur de théorie littéraire, traducteur, scénariste, critique de cinéma, il a notamment publié un essai sur Borges, des nouvelles et romans, comme par exemple La pudeur du pornographe (1991), Le facteur Borges (1993), Le Passé (2005), Histoire de l’argent (2013).

A l’origine le metteur en scène Jean-Claude Penchenat avait créé Le Bal, avec la compagnie du Théâtre du Campagnol (1981), pièce sans dialogues qui avait marqué les esprits. Ettore Scola en tira un film en 1983.

C’est donc une version revisitée à la lueur de l’histoire de l’Argentine que nous présente les deux auteurs. Une pièce avec des chaises qui se font face autour d’un grand espace vide, qui emprunte au « club social », lieu familier des différents quartiers de la capitale argentine. L’espace se remplit lentement, chaque danseur arrivant à son rythme, femmes provocantes aux mines inquiètes, grimaçantes ou réjouies, hommes dans des tenues incertaines, criant, gesticulant de manière folle et désordonnée. Puis tout ce monde chante à tour de rôle ou fait son petit spectacle de son côté. La pièce veut évoquer l’Histoire politique de l’Argentine, sans récit mais en tentant de faire surgir « de la mémoire » dans et par des corps dansants et chantants car l’histoire est enfouie par fragments dans notre chair. « Créer une version « contemporaine » et explorer cette fois, non pas comment « raconter l’Histoire » mais peut-être essayer d’aller plus loin vers l’expression de ce que l’Histoire fait (faire) aux corps » affirment ses concepteurs. C’est toute l’ambition du spectacle.

Toutefois ce spectacle, tel qu’il est conçu, ne permet pas, à mon sens, d’apprécier les ambitions des auteurs, pour plusieurs raisons. D’une part quand on n’est pas familier des chansons populaires et du folklore argentin, le tango excepté, on ne comprend pas leur contexte et leur signification, et on reste à la surface des choses, les gesticulations des danseurs devenant très énigmatiques. D’autre part, cette Histoire mise en chorégraphie, est très peu lisible et on a du mal à retrouver ce que l’on sait de ce pays, même lorsque l’on connaît assez bien son histoire. Certes, il y a un ballon de football mais ce n’est tout de même pas l’essentiel. Et les années de la dictature ? Les allusions sont trop ténues pour que des non argentins goutent cette pièce. Une demie heure intéressante sur l’heure et demie de spectacle : une danse de tous les participants (11 danseurs) au rythme soutenu de grosses caisses, mélange de danse des rues et de hip hop. Un tango final, dansé d’abord par un couple auquel viennent se joindre progressivement tous les danseurs, formant comme une chenille qui serpente dans l’espace. J’apprécie beaucoup d’ordinaire le travail de Mathilde Monnier et suis désolée de n’avoir pas apprécier celui-ci. Certains critiques parlent de « miracle ». Je n’ai sans doute pas été touchée par la grâce.

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