La dernière reine

Autrice : Adila Bendimerad est une actrice de cinéma et de théâtre, metteure en scène, scénariste et productrice algérienne. Elle vit et travaille à Alger. En 2008, elle crée le Théâtre du Printemps à Alger, où elle joue, produit et programme plus de 30 représentations de théâtre et concerts. Elle est ensuite actrice pendant deux ans au Théâtre National d’Alger, avant de rejoindre la troupe des Milles et une Nuits (2011) avec le metteur en scène Tim Supple, qui recevra le Prix du meilleur ensemble d’acteurs au Festival d’Edinburgh. Au cinéma, elle collabore plusieurs fois avec le réalisateur Merzak Allouache, dans les films Normal (2011), Le Repenti  (Quinzaine des réalisateurs Cannes 2012) et Les Terrasses (2013), pour lesquels elle est récompensée de nombreuses fois (Prix de la meilleure actrice aux festivals du Film Maghrébin d’Alger, du Caire, d’Angoulême, de Rome et aux Trophées Francophones du Cinéma). Elle tourne ensuite au Liban dans le film Still Burning de Georges Hachem. En 2016, elle retourne à la Quinzaine des Réalisateurs avec le film Kindil El Bahr de Damien Ounouri, qu’elle a également co-écrit. En 2011, elle crée à Alger sa société de production cinématographique Taj Intaj.  Elle reçoit le prix de la meilleure production aux Lutins du Court-Métrage en France, pour le film Les Jours d’Avant de Karim Moussaoui (2013). Elle co-réalise et co-écrit avec Damien Ounouri La dernière reine.

 Auteur : Damien Ounouri est un réalisateur algérien né à Clermont-Ferrand en 1982. Il vit à Alger. Il a étudié la théorie du cinéma à l’université de la Sorbonne Nouvelle, développant sa pratique en autodidacte au sein du groupe de réalisateurs indépendants Li Hua Films. Son film de fin d’études, Xiao Jia rentre à la maison (2008), sur le cinéaste chinois Jia Zhang-Ke, a été sélectionné dans de nombreux festivals internationaux, et son premier long-métrage, Fidaï (2012), a été présenté au Festival de Toronto. En 2014, il réalise Chedda, présenté au Festival de Cannes), son premier long métrage de fiction. En 2016, il présente à la Quinzaine des Réalisateurs son film Kindil El Bahr. Il a co-réalisé et co-écrit avec Adila Bendimerad La dernière reine.

Interprètes : Adila Bendimerad (Zaphira) ; Dali Benssalah (Aroudj Barberousse) ; Mohamed Tahar Zaoui (Roi Salim) ; Imen Noel (Reine Chegga) ; Nadia Tereszkiewicz (Astrid la scandinave).

Résumé : Algérie, 1516. Le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. La reine Zaphira décide avec courage de lui tenir tête. Le parcours de cette femme raconte le combat, les bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger. Histoire ou légende ? 

Analyse : Depuis une bonne dizaine d’années le cinéma algérien tient sa place sur le plan international. Ce film y contribuera largement, même si l’on peut craindre pour l’avenir car c’est un des derniers films à avoir bénéficié du soutien du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique, (Fdaticéquivalent de notre CNC), car cet organisme a été dissous fin 2021. Une fresque majestueuse, romanesque, épique qui nous conte la vie de la dernière reine d’Alger, belle, intrépide, courageuse, qui met en lumière le rôle des femmes dans l’histoire algérienne, rôle qui a été effacéévacué. Zaphira est une belle femme, sensible, sensuelle, dans un rôle très traditionnel au début du film, totalement inféodée à son mari dont elle est la seconde épouse et dont elle attend impatiemment les faveurs, le roi Salim. Une femme qui affirme une extraordinaire personnalité quand elle devient reine à la mort de son mari. Elle doit se battre avec violence contre sa propre famille qui veut la mettre sous la tutelle d’un homme, contre ce pirate, Arudj Barberousse qui, chassant les espagnols d’Alger, veut prendre le pouvoir et la mettre dans son lit. Une femme gracieuse, pleine de charme, frivole, fragile qui se révèle être une femme forte, courageuse, qui sait tenir tête aux hommes dans les situations les moins favorables et les plus périlleuses pour elle. Une femme intransigeante qui défie toutes les conventions de son époque, qui ne craint ni le froid ni le chaud des passions. Adila Bendimerad et Damien Ounouri ont réalisé un film complexe, à la fois de cape et d’épée, de lutte de pouvoir, qui répare l’oubli dont ont été victimes les femmes dans une société qui sous cinq siècles de patriarcat a effacé leur rôle pour les rendre invisibles. Il et elle ont tenu aux décors naturels. Le palais a été reconstitué dans de somptueux décors des milles et une nuits, avec de magnifiques costumes, dus au talent de la directrice artistique Feriel Gasmi Issiakhem. Un film qui malgré quelques longueurs et maladresses nous montre en cinq actes signalés par des cartons, l’évolution d’une magnifique héroïne de tragédie grecque. Un film d’une extraordinaire beauté, sensuel, audacieux, romanesque, et très attachant. 

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