CAFARD

cafard affiche

Auteur : Jan Bultheel est un créateur et réalisateur. Il a créé le scénario d’un film d’animation en 2010, Tarmac Micmac, puis a réalisé Cafard en 2015.

Résumé : Nous sommes en 1914. Le film commence par un combat de lutte à Buenos Aires gagné par le champion du monde belge, Jean Mordant. Pendant ce temps, dans la Belgique occupée par les allemands, à Ostende, sa fille de 15 ans se fait violer par une patrouille de soldats allemands. Jean Mordant rentre chez lui et fait le serment de venger sa fille. Sur les conseils de son entraineur, Victor, il s’engage avec ce dernier et son neveu au sein d’un mythique bataillon belge, l’ACM (Autos-Canons-Mitrailleuses). Les voilà partis pendant 4 longues années dans une odyssée qui les mène au bout du monde, en Russie puis vers l’Est à travers l’Asie, la Mongolie, la Chine, les Etats-Unis et finalement le retour en Belgique où Jean Mordant retrouvera une nouvelle raison de vivre.
Analyse : Pour créer ce film d’animation pour adultes Jan Bultheel a utilisé un procédé réservé généralement aux grosses productions hollywoodiennes ou aux jeux vidéos, la capture de mouvement ou « motion capture » qui consiste à faire jouer les scènes par de vrais personnages bourrés de capteurs électroniques, ce qui permet de retranscrire dans l’animation les attitudes, les déplacements, les changements de visage au plus prêt. Cette technique permet que l’on soit saisi au plus prêt par l’émotion qui se dégage des personnages et leurs émotions très évocatrices les rend tous très attachants. C’est donc une animation qui ne ressemble à aucune autre. Certes il n’y a pas la finesse et la précision des animations de Miyazaki qui a également évoqué la guerre. On est plus prêt d’Ugo Pratt ou de José Munoz dont Bultheel avoue s’être inspiré. Les personnages sont taillés à la serpe, ce qui leur donne une allure un peu pataude. Mais paradoxalement ce n’est au détriment ni de la sensibilité ni de la subtilité ni de la finesse qui se dégage de ce colosse si fragile.
C’est la première fois que l’histoire absurde de ce bataillon est racontée au cinéma et de manière originale. On est loin des tranchées et des combats quasiment au corps à corps. Ici les hommes, dans l’horreur de la guerre, se trouvent coincés en URSS, entre les Bolcheviks et les blancs, dans un conflit qui ne les concerne pas, dans l’attente, l’ennui, la mélancolie et la nostalgie de leur pays. L’aspect international de ce conflit est donc mis en avant, jusqu’à l’intrusion de la grippe espagnole qui touche de très près notre héros car sa fille, qu’il espérait retrouver, en est morte. D’où la mélancolie qui se dégage du personnage principal. L’accumulation de ses malheurs donne au film une tonalité très sombre. Cafard est le nom donné à une mitrailleuse mais aussi l’atmosphère qui imprègne le film. Toutefois il y a aussi des moments de bonheur avec l’amour entre notre héros et l’infirmière russe, ce qui donne lieu à de superbes couleurs chaudes de la Mongolie ou des plaines russes.
Nous sommes entrainés et pris dans cette épopée inspirée d’une histoire vraie avec les belles voix de Benoît Magimel et de Jean-Hugues Anglade. Un vrai petit bonheur.

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