L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE

Auteur : Terrence Vance Gilliam dit Terry Gilliam, est un réalisateur, scénariste, acteur, et dessinateur britannique né le 22 novembre 1940 dans le Minnesota. Pendant ses années à l’université, il assume la direction d’une revue littéraire et il la modifie pour aboutir à un magazine satirique, Fang, où il développe ses talents de dessinateur et se montre influencé par Mad, le magazine d’Harvey Kurtzman. Il se rend à New York, où il trouve un poste dans un magazine créé par ce dernier, Help ! En 1967 il part pour Londres où il s’intègre en 1969 à la troupe des Monty Python. En 1974, il coréalise avec Terry Jones, Monty Python : Sacré Graal !Pour ce film, il réalise les animations et est également acteur et coscénariste. En 1980, il réalise Bandits, bandits, en 1985 Brazilqui devient rapidement un film culte. En 1987 Les aventures du Baronde Münchhassen. Dans tous ces films c’et la folie de la société, le désir des personnages d’y échapper et l’imagination qui est le moyen de s’en affranchir. Suivent une série d’autres films qu’il tourne aux États-Unis.En 1999, Gilliam s’attaque à une histoire qu’il a en tête depuis dix ans, L’Homme qui tua Don Quichotte, une fiction se fondant sur le chef-d’œuvre de Miguel Cervantès. La production du film commence en 2000 mais elle est gravement perturbée par divers problèmes. Gilliam et son assistant entrent en conflit avec Jean Rochefort, qui joue Don Quichotte, une douleur dorsale provoquée par une hernie discale empêche le comédien de vraiment jouer son rôle et de monter à cheval, les lieux de tournage se révèlent calamiteux, et une tempête endommage le matériel. La production tourne à la catastrophe en à peine dix jours Gilliam décide d’abandonner le tournage. Keith Fulton et Louis Pepe livrent avec Lost in la Mancha un documentaire sur le making of d’un film qui n’existe pas. Après cinq tentatives infructueuses le film sort en 2018 avec toutefois un procès intenté par le producteur qui a failli interdire sa sortie.

Résumé : Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste : ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Don Quichotte survivra-t-il à sa folie ?

Analyse : Si vous aimez l’esprit Monthy Pithon, le film dans le film dans le film du film, la folie libératrice, au sens qu’en donnait Michel Foucault (« fou entendu non pas comme malade, mais comme déviance constituée et entretenue, comme fonction culturelle indispensable »), si vous aimez la fantaisie qui se mêle si étroitement à la réalité que celle-ci devient fantaisie, si vous aimez l’absurde qui fait sens au point d’enchanter et de faire rire, si vous aimez l’impertinence déjantée, la liberté, la folie créatrice et poétique, la magie visuelle et le sens de l’absurde, bref si vous avez toujours un regard d’enfant quand vous allez au cinéma, alors allez voir L’homme qui tua Don Quichotte. Vous y verrez des scènes époustouflantes de fantaisie nées de l’imagination débridée de ce bientôt octogénaire, comme le bucher final dans le décor médiéval d’un château reconstitué par un oligarque russe que l’argent a rendu fou. Les acteurs choisis pour cette dernière version sont tous deux remarquables. Adam Driver qui porte magnifiquement le film de bout en bout, parfait dans le rôle de Toby, sorte de naïf qui passera du rôle de réalisateur à celui d’un Sancho Panza éberlué, pour finir par se prendre pour Don Quichotte lui-même ; Jonathan Price, vieux malicieux qui fait merveille en interprétant Javier le cordonnier qui joue le rôle de Don Quichotte et est définitivement coincé dans son rôle, le rôle dans le rôle.

On ne peut toutefois soutenir une telle énergie, une telle folie créatrice deux heures quinze durant. Le film se révèle inégal. Vous ne rirez pas à tous les gags dont certains vous paraîtront éculés, vous observerez que les rôles secondaires, féminins en particulier, sont véritablement secondaires, vous vous ennuierez un peu parfois. Mais n’attendez pas rigueur, cohérence, vraisemblance d’un film qui repose sur le chaos. Il vous restera à la fin de la projection un regard de tendresse pour le film et pour Terry Gilliam.

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