AVIGNON 12 juillet

GRITO PELAO de Rocio Molina 

Rocio Molina fait ses premières apparitions scéniques avec Maria Pagés à l’âge de 17 ans. À 21 ans elle devient une artiste majeure de la scène flamenca en Espagne avec sa première création Entre paredes. Elle est reconnue comme l’une des meilleures bailaoras de son époque. Elle a reçu de nombreuses distinctions dont le Prix national de danse pour « son apport à la rénovation de l’art flamenco, sa souplesse et sa force comme interprète capable de dominer avec liberté et audace les registres les plus divers ». Elle est invitée pour la première fois au Festival d’Avignon. Rocío Molina est artiste associée à Chaillot-Théâtre national de la danse.

Grito Pelao met en scène deux générations de femmes qui sont réunies sur le désir d’enfant. Un sujet à la fois intime et militant. Rocio nous dit qu’elle est enceinte, célibataire et seule. Pour cet enfant désiré, après semble-t-il des déceptions amoureuses, elle a eu recours à l’insémination artificielle. Elle est en effet toute absorbée par cette vie qui nait en elle et semble danser autour de son ventre. Elle est accompagnée de sa mère et de la chanteuse Sylvia Pérez Cruz, avec laquelle elle nous suggère, par une danse où elles se retrouvent toutes deux enroulées à terre, qu’elle n’a pas que des rapports professionnels. Les chants sont traduits et on est étonné par la pauvreté du propos, mots mis bout à bout sans lien et sans sens. Le spectacle aurait été bon et touchant s’il avait duré une heure. Mais après ces danses et les émotions partagées autour de la grossesse de la danseuse, la chanteuse se met à entonner un long chant en anglais (!!!). Pourquoi ? J’avoue que je m’interroge encore. Puis Rocio revient sur scène affublée d’une énorme barbe et d’une moustache. Certes on a compris le symbole ; mais là nous touchons au grotesque. Le spectateur qui espère qu’on est à la scène finale se trompe. La chanteuse vient ensuite devant les spectateurs et raconte son accouchement, la perte des eaux prématurée etc.… Ce n’est toujours pas la fin ! Après avoir ôté ces atours pseudo virils voilà que notre danseuse assez en chair se dévêt complètement et se baigne lascivement dans un petit bassin au centre de la scène. Que c’est lourd ! Même si la vue de ce corps blanc au milieu de l’eau sombre n’est pas sans beauté formelle, on est consternés. La chanteuse et la mère (qu’on a vue au fond de la salle en train de tricoter !) la rejoignent en trempant leurs jambes. Une dernière danse qui n’est pas sans intérêt achève le spectateur qui a eu l’impression d’un spectacle où il s’agissait de faire du remplissage et qui glorifie tota mulier in utero.

 

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