Montpellier Danse 23 juin

Miguel Gutierrez, né en 1971, vit à Brooklyn, NY. Il crée depuis 1997 des performances, de la musique, de la poésie basées sur la danse, axées sur le désir, l’identité et la recherche de sens. Son travail a été notamment présenté dans des lieux tels que le Centre national de danse, le Centre Pompidou, le Walker Art Center, le MCA Chicago, et à la Whitney Biennale de 2014. Il a reçu des bourses de recherche de la Fondation Guggenheim, d’artistes américains, de la Fondation des arts de New York, ainsi qu’un Bessie Award de la meilleure chorégraphie pour Last Meadow. Il a récemment créé, en 2017, Cela nous concerne tous, une commande pour le Ballet de Lorraine basée sur les manifestations françaises de mai 68. Il exécute actuellement un projet musical appelé SADONNA, où il transforme les chansons entraînantes de Madonna en hymnes tristes. Il dirige LANDING, une initiative éducative chez Gibney Dance Center, et enseigne régulièrement le Feldenkrais, méthode de prise de conscience par le mouvement et d’intégration fonctionnelle. Il revendique son identité d’artiste homosexuel latino-américain. 

Le titre de la performance This Bridge Called  My Ass fait allusion à This Bridge Called My Back : Writtings by Radical Women of Color, de Cherrie Moràga et Gloria Anzaldua, un recueil d’essais et de poèmes du début des années 1980 qui explore la question de l’identité et critique le féminisme blanc. Idée de jeter un pont entre les cultures et de s’interroger sur ce qui se passe quand « des visuels, associés à la pureté et au ludique, sont troublés par des corps expressifs, en sueur et porteurs d’une charge érotique. Comment nos conceptions de la ‘forme’ et du ‘format’ changent-elles lorsque les artistes évoluant sur scène refusent d’être perçus comme vecteurs d’un plaisir esthétique ‘réussi’ ». Guterriez a parfaitement réussi son propos. Aucun plaisir esthétique « réussi ». Quatre danseuses et quatre danseurs latino-américains évoluent au milieu d’un monceau de tissus aux couleurs vives, qu’ils manipulent inlassablement en criant, en s’invectivant, qu’ils accrochent sur des barres, les décrochent, s’enveloppent dedans, trainent avec difficultés des tabourets et divers objets. Rapidement ils se dénudent ; l’origine du monde au masculin et au féminin, dans toutes ses positions, lascives, érotiques ; masse humaine informe de corps perdus les uns dans les autres. A la fin du spectacle, tous légèrement rhabillés de tenues transparentes, colorées et improbables, les tissus bien rangés au sol ils simulent une télénovela dans des répliques absurdes, style « les feux de l’amour », qui peuvent être parfois drôles. Au total un spectacle qui ne manque pas de vulgarité, qui ne jette aucun pont vers quoi que ce soit, et qui n’est certes pas un « vecteur d’un plaisir esthétique ‘réussi’ ». 

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