PARASITE

Auteur : Bong Joon-ho, né en 1969, est un réalisateur et scénariste sud-coréen. Après des études de sociologie il entreprend des études de cinéma et réalise en 1995 un court métrage, White Man qui obtient un prix en Corée du sud. En 2000 il réalise son premier long métrage, Barking Dog, puis en 2003 Memories of Murder qui obtient un grand succès. The Host est classé par les Cahiers du cinéma comme troisième film le plus important de 2006. Son quatrième long métrage, Mother, est présenté au Festival de Cannes de 2009. En 2013, grâce à une coproduction internationale il réalise Snowpiercer, le Transperceneige avec une distribution essentiellement anglo-saxonne. En 2017 il sort sur Netflix Okja, avec une distribution anglo-américaine, qui a été sélectionné au Festival de Cannes. Il a participé à de nombreux jurys internationaux. Parasitea obtenu la Palme d’or cette année à Cannes. 

Résumé : La famille Ki-Teak vit dans la pauvreté et dans des conditions très précaires, jusqu’au jour où le fils se fait engager, par l’intermédiaire d’un ami, comme professeur d’anglais de la fille d’une famille riche, les Park, qui vit dans une magnifique villa. Par divers subterfuges il arrive à faire embaucher sa sœur comme professeur de dessin du petit dernier, son père comme chauffeur et sa mère comme gouvernante. Ils prennent de fausses identités et ne dévoilent pas leur lien de parenté. Mais un grain de sable va enrayer cette machinerie trop bien huilée. 

Analyse : Après avoir suscité la polémique en 2017 en présentant à Cannes un film distribué par Netflix, Okja, Bong Joon-ho a renoué avec son talent, et reprend ses thèmes majeurs, la famille et les rapports entre les classes sociales en Corée du sud. C’est un film politique où le cinéaste nous donne une vision très sombre de la société coréenne, où les inégalités sociales se sont creusées depuis le grand boom économique des années 2000 et l’influence des valeurs américaines. Sans caricature ni manichéisme il décrit cette famille pauvre qui vit en sous-sol, dans un décor sordide, avec des fenêtres au ras du bitume, ayant pour seule vue les poubelles de la rue et les poivrots qui vomissent et pissent sur leur fenêtre. Ils sont au chômage, vivent d’expédients, de petits boulots, de petites combines qui améliorent un peu leur quotidien. Tandis que les riches, eux, vivent en surface dans des intérieurs cossus, dessinés par des architectes de renom ; schéma spatial qui se reproduira au sein même de la somptueuse villa qu’habite la famille Park. Il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. L’argent est roi pour tous. Même s’ils sont faussaires et escrocs les membres de la famille Ki-Taek nous sont sympathiques ; mais il reste que loin d’être critiques à l’égard des riches, ils sont envieux et n’ont qu’un rêve, prendre leur place. Quant aux riches, ils ont leur faiblesse et leurs névroses ; mais ils sont méprisants, humiliants, dégoutés par l’odeur de la misère. Le réalisateur nous montre également que la cohabitation entre les classes sociales est impossible et est toujours fondée sur une imposture. Mais son film, brillant, ne se résume pas à cela. Pour nous intéresser à ce sujet qui pourrait paraître aride il a brouillé et mélangé les genres avec un bonheur non dissimulé. On passe de la comédie drôle et réjouissante, au drame social, au thriller oppressant, au film noir glaçant voire d’horreur, le tout intelligemment mêlé. L’habileté du cinéaste se manifeste également dans l’art de jouer sur des rebondissements inattendus qui créent la surprise et captent l’attention du spectateur. C’est dire que le scénario est particulièrement soigné et astucieux. Le cinéaste y a d’ailleurs participé. Par une mise en scène brillante, dynamique, subtile et précise le cinéaste nous entraine dans un huis-clos domestique, à la fois dans l’espace géographique de cette villa qui réserve bien des surprises et dans les méandres de l’arnaque incroyable montée par la famille Ki-Taek dont on craint à tout moment qu’elle ne s’effondre, comme le château de carte qu’ils ont construit autour des Park.

Même si l’on sent venir la fin, elle nous réserve malgré tout encore des surprises et ne peut être dévoilée pour ne pas gâcher le plaisir du spectateur. Un film à voir absolument, dont la nomination au palmarès n’est pas usurpée mais que j’aurai préféré au Grand Prix ou au Prix de la mise en scène plus qu’à la Palme d’or.

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