Festival d’Avignon, La Maison de Thé, déconvenue 2

Auteurs : Lao She (1899-1966) est un romancier et auteur de théâtre. Il a voyagé et vécu en Europe et aux États-Unis, puis il est rentré en Chine, en 1949. Comme beaucoup, il a mis ses espoirs dans le régime communiste, qu’il a soutenu, et qui l’a trahi : Lao She est mort en 1966, victime de la Révolution culturelle, officiellement d’une noyade. Sa pièce, La Maison de Thé, écrite 10 ans auparavant a bénéficié de la liberté d’expression toute provisoire octroyée par Mao Zedong aux intellectuels en 1957, pendant quelques mois, pour conforter son pouvoir.

Né en 1965 à Changchun, Meng Jinghui a étudié la mise en scène à l’Académie centrale d’art dramatique de Chine. Fondateur du Meng Theatre Studio en 1997, il est directeur du Théâtre du Nid d’abeille à Pékin et s’occupe de la direction artistique de plusieurs festivals en Chine. Il est aussi réalisateur. Pionnier d’un théâtre d’avant-garde engagé, créatif, imprégné d’humour et d’ironie, il est reconnu depuis les années 90 pour ses adaptations de pièces classiques (Samuel Beckett, Dario Fo, Eugène Ionesco, Tang Xianzu) et contemporaines (Rhinocéros amoureux, J’aime XXX). Ses spectacles tournent dans le monde entier.

Résumé : Fresque historique qui commence en plein déclin de l’Empire chinois en 1898, après l’échec de la réforme des Cent Jours, puis en 1920 pendant la période dite « des seigneurs de la guerre », et après la seconde guerre mondiale, qui défile dans le huis-clos d’une maison de thé, avec ses nombreux clients. 

Analyse : La maison de thé est une galerie foisonnante de personnages, une soixantaine, représentant tous les caractères humains, l’instituteur, l’industriel, la jeune fille vendue par son père trop pauvre pour la nourrir, le rêveur, le colporteur, le chef de bande et celui de la police politique, le soldat et l’homme de main. Beaucoup d’hommes, peu de femmes, toutes malheureuses et victimes. L’ambition de Meng Jinghui a été de moderniser la pièce. Pour cette adaptation il s’est associé avec le dramaturge allemand Sébastian Kaiser. L’influence brechtienne est évidente sauf qu’elle est plaquée sur un contexte où les débauches d’effets sont époustouflantes et sans limites ; on se demande ce qui va bien pouvoir être montré après, par exemple, une orgie de petits poupons celluloïds qui jonchent la scène, une mascarade de personnages grimés qui rampent comme des oiseaux de mauvais augure ou un homme en train de scier un mannequin femme à la tronçonneuse pendant que de la fausse hémoglobine est déversée à grands flots sur un autre. Le hurlement des acteurs chinois qui crient leur texte devient d’autant plus rapidement insupportable que l’on doit faire une gymnastique rapide pour lire des sous titres qui défilent à la vitesse de l’éclair et essayer de capter quelque chose de la pièce. Une débauche accompagnée d’un groupe rock et électro Nova Heart. Meng Jinghui nous dit : « En répétition avec les comédiens, j’ai découvert que l’on pouvait ajouter d’autres textes dans le spectacle, pour créer un effet de montage et rendre le langage simple et raffiné de l’auteur encore plus complexe et profond. » Mais comment l’apprécier quand on ne connait pas le chinois et qu’on doit lire à toute vitesse des tirades traduites nécessairement sommairement ? La portée de tout ce travail nous échappe complètement et, comme pour Architecture de nombreux spectateurs n’ont pas attendu la fin des trois heures pour quitter la salle. J’avoue avoir été une de ceux-là !

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