La bonne épouse

Auteur : Martin Provost est un réalisateur, scénariste et acteur français, né en 1957. Il commence sa carrière comme acteur, puis en 1980 il monte pour la première fois l’une de ses pièces, Le voyage immobile, avant d’entrer comme stagiaire puis pensionnaire à la Comédie Française. Il se consacre essentiellement au théâtre. Puis il décide de relancer sa carrière au cinéma en réalisant deux courts-métrages. En 1997, il passe au long avec Tortilla y cinema, une comédie. En 2002, il écrit et réalise Le Ventre de Juliette, un long-métrage qui aborde le thème de la relation parent/enfant à travers l’histoire d’une adolescente, abandonnée par son père, qui tombe enceinte. Cinq ans plus tard, Martin Provost revient à la réalisation en mettant en scène Séraphine avec Yolande Moreau. C’est la consécration : le film remporte sept César, dont celui du Meilleur film et de la Meilleure actrice. Le réalisateur retrouve son actrice deux ans plus tard dans Où va la nuit, l’histoire d’une femme qui assassine son mari pour retrouver sa liberté. Martin Provost fait des portraits de femmes son motif récurrent ; il tourne ensuite Violette, l’histoire de l’amitié entre Violette Leduc et Simone de Beauvoir dans le Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre. En 2017, dans Sage Femme, il s’intéresse à la relation hors du commun entre une femme et l’ancienne maîtresse de son père défunt.

Interprètes : Juliette Binoche (Paulette Van Der Beck), Yolande Moreau (Gilberte Van Der Beck), Noémie Lvovsky (Sœur Marie-Thérèse), Édouard Baer (André, premier amour de Paulette), François Berléand (Robert Van Der Beck).

Résumé : Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?

Analyse : Une comédie légère, réjouissante, drôle même dans ses côtés caricaturaux, qui n’a pas seulement l’ambition de nous divertir gentiment mais qui est plus profonde. Comme il l’a déjà fait dans ses précédents films, Martin Provost rend hommage aux femmes qui malgré les carcans qui pèsent sur elles, arrivent à s’émanciper. Il met ici l’accent sur ce qu’était la situation des jeunes filles à la veille de mai 68. Les jeunes générations auront peine à le croire mais c’était bien la réalité : des pensionnats de jeunes filles où on leur enseignait les « piliers » qui les transformeraient en bonnes épouses, c’est à dire en femme au service total d’un mari, sachant faire la cuisine, le ménage, le repassage, la couture, sachant recevoir à l’heure du thé, sensible à l’hygiène corporelle et remplissant le devoir conjugal « épreuve aussi pénible et ingrate soit-elle », toujours dans la compréhension et la bonne humeur. Idéal qui a perduré quelques temps encore malgré la révolution de 68. Je me souviens de mon indignation quand, lors d’une fête des mères dans les années 70, mon fils est arrivé avec un petit poème appris en classe, disant que j’étais une maman merveilleuse parce que je veillais sur tout à la maison, que j’étais toujours la dernière couchée et la première levée, etc… Ce qui, me concernant, ne correspondait à aucune réalité ! 

Le réalisateur a grossi le trait à souhait, mais on le lui pardonne car de drôleries en cocasseries, avec des dialogues pétillants, une mise en scène dynamique, on résiste mal à l’enthousiasme de ce trio de femmes pétillantes, chacune dans un style différent, incarné par trois actrices irrésistibles, Juliette Binoche en bourgeoise coincée, Yolande Moreau sa belle-sœur, en cuisinière lunaire et Noémie Lvovski en bonne sœur sergent, mais avec ses faiblesses bien cachées. Il nous montre que le féminisme peut être joyeux, léger et drôle. Il a même eu l’audace de terminer son film sur une sorte de comédie musicale (c’est à mes yeux l’aspect le moins séduisant du film), où à la faveur des évènements de 68 les pensionnaires avec leur directrice en tête, partent sur les routes rejoindre la capitale en chantant « Saine ou catin, pourquoi choisir ? Moi je veux jouir ! ». Un film joyeux à voir après cette période difficile que nous avons traversée.

1 Comments

  1. Tout a fait d accord avec toi Marie Jeanne….j ai encore un livre de cuisine de l epoque ou les devoirs de la femme sont bien ecrits???
    A bientôt. Elisabeth

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