Radioactive

Auteur : Marjane Satrapi est une réalisatrice, actrice, dessinatrice née en 1959 en Iran. A 14 ans, ses parents l’envoient étudier en Autriche. Puis elle décide de faire les Beaux-arts de Téhéran, où elle obtient une maîtrise de communication visuelle. Venue en France pour devenir graphiste, elle entre aux Arts Décos de Strasbourg. A Paris, sous l’influence de David B., elle décide de transcrire sa vie en Iran sous forme de BD. Avec Vincent Paronnaud elle réalise Persepolis (2005). Le film obtient le Prix du Jury au festival de Cannes 2007. Elle réalise ensuite Poulet aux prunes (2011), puis La bande des Jotas (2013) dans lequel elle tient le rôle principal.   

Interprètes : Rosamund Pike (Marie Curie) ; Sam Riley (Pierre Curie) ; Aneurin Barnard (Paul Langevin).

Résumé : Un biopic sur Marie Curie, la scientifique et la femme.

Analyse : Il n’est pas inutile de rappeler en préambule les raisons pour lesquelles Marie Curie est devenue emblématique : née Marie Sklodowska en 1867 à Varsovie, Marie Curie meurt à Paris en 1934 d’une maladie du sang (leucémie) causée par l’exposition aux radiations. Elle a découvert le radium et le polonium, et élaboré la théorie de la radioactivité (1898). Elle a été la première femme professeure à l’Université de Paris, la première femme à remporter un prix Nobel (physique, 1903), la première femme à recevoir un deuxième prix Nobel (chimie, 1911), la première femme à entrer au Panthéon, en 1995, pour ses propres mérites. Sa fille, Irène Joliot-Curie remporte en 1935, conjointement avec son époux, Fréderic Joliot-Curie, le prix Nobel de chimie pour avoir créé les premiers éléments radioactifs artificiels.

Marjane Satrapi est partie du roman graphique de Lauren Edniss, Radioactive, dont est tiré le scénario du film. Le sous-titre du roman « L’histoire de deux forces invisibles : la radioactivité et l’amour », donne le ton du film. Ce n’est pas seulement la scientifique qui nous est présentée, mais la femme, l’amoureuse, la mère, ce qui rend le personnage particulièrement attachant. Elle est présentée sous un jour qui n’est pas nécessairement plaisant : un caractère bien trempé, insolente et très sûre d’elle. Ce qui, dans son milieu et son métier a été un avantage car malgré le machisme ambiant de l’époque elle a réussi à s’imposer. Une féministe avant l’heure. Non une féministe militante et agressive mais une une force tranquille, profondément convaincue de sa valeur et qui a réussi à prendre la place qu’elle estimait être sienne dans la société. Une femme qui sait également assumer une vie personnelle qui choque la moralité de l’époque. Après la mort prématurée de Pierre elle devient la maîtresse de Paul Langevin, élève de son mari, homme marié qui travaille depuis longtemps à leur côté. Le film montre le déchainement de violence, de haine et de xénophobie de certains médias à l’égard de cette « étrangère » croqueuse de maris. Polémique qui se calmera lorsqu’elle recevra son second prix Nobel. On découvre également une grande humaniste. Elle a parcouru le front pendant la première guerre mondiale avec un petit appareil de radiographie pour soigner les blessés. 

Une mise en scène intelligente et inventive sauve le film de tout académisme. Toutefois Marjane Satrapi à vouloir être originale en fait peut-être un peu trop. On se serait passé des vignettes qui nous montrent les méfaits de la radioactivité (le Nevada, Hiroshima, Tchernobyl) par une pédagogie trop appuyée ainsi que des incursions du domaine fantastique et des couleurs criardes de mauvais goût pour souligner le propos.

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