Bergman Island

Un rattrapage du dernier festival de Cannes, film que je n’avais pu voir.

Autrice : Mia Hansen-Love est une jeune réalisatrice française de 40 ans connue notamment pour Tout est pardonné (Prix Louis-Delluc du premier film, 2007), Le père de mes enfants (2009), Un amour de jeunesse (2011), L’Avenir (2011). Elle fait ses débuts au cinéma comme actrice dans Fin août, début septembre d’Olivier Assayas en 1998 alors qu’elle n’est que lycéenne. Elle partagera avec ce réalisateur quinze ans de vie commune. Elle travaille comme critique à la rédaction des Cahiers du cinéma de 2003 à 2005. Elle a présenté à Cannes 2021 dans la sélection officielle son septième long-métrage, Bergman Island inspiré par Ingmar Bergman, le réalisateur suédois récompensé de multiples fois et unique cinéaste distingué de la « Palme des palmes », prix spécial de l’édition de Cannes en 1997. 

Résumé : Mia Hansen-Love met en scène l’histoire d’un couple de réalisateurs américains, Chris et Tony, qui viennent chaque année sur une île qui était source d’inspiration pour Bergman. A mesure que leurs scénarios respectifs avancent, et au contact des paysages sauvages de l’île, la frontière entre fiction et réalité se brouille…

Interprètes : Vicky Krieps (Chris) ; Tim Roth (Tony) ; Mia Wasikowska (Amy).

Analyse : Il émane de ce film une douce mélancolie, celle d’un couple qui lentement se délite sur fond de rivalité professionnelle mais semble préserver l’essentiel, celle de l’île où vécu Bergman, l’homme aux soixante films. Tout est organisé sur cette île de Fårö pour perpétuer le souvenir du grand cinéaste. Culte des lieux où ses films ont été tournés, véritable parc d’attraction qui fait l’objet de visites touristiques organisées. Nos deux cinéastes sont venus pour quelques semaines dans l’île, écrire leurs scénarios, assister à la « Bergman Week », participer (surtout lui) à des débats et tables rondes. On voit même passer un bus « Bergman Safari » auxquels sont conviés les participants ! Ils sont logés dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, « le film qui a fait divorcer des millions de personnes ». Mia Hansen-Love réalise un film sur les affres de la création artistique et l’influence que peuvent avoir les grands cinéastes. Les deux réalisateurs sont venus chercher l’inspiration dans la beauté sauvage des lieux, dans les pas de Bergman. Chris (prénom qui est un clin d’œil car Kris est aussi le titre en suédois du premier long-métrage réalisé par Ingmar Bergman) éprouve le besoin de raconter son film à son compagnon car elle cherche la fin. Avec infiniment d’élégance et de fluidité on glisse vers le film dans le film qui donne vie au scénario imaginé par Chris, où l’on retrouve les tourments qui l’animent et surtout des personnages de la réalité qui s’invitent dans la fiction, comme si, pour un cinéaste, la frontière entre les deux est ténue. S’installe alors un jeu de miroirs, délicat et original, une alternance de deux récits dans une construction fine et subtile, qui contribuent grandement au charme de ce film qui est un hommage appuyé au cinéma et aux traces qu’il peut laisser dans notre inconscient et nos mémoires.

La réalisatrice soulève incidemment le problème de la séparation de l’œuvre et de son auteur. Bergman est présenté par certains comme un être cruel. L’homme aux neuf enfants, de six mères différentes, dont il s’est très peu occupé. Les habitants de l’île se montrent très réticents à parler de lui, redoutant, selon eux, que la Suède se résume à Bergman. Mais l’homme passe et les chefs d’œuvre restent.

Un film plein de grâce qui aurait mérité de figurer au palmarès.

1 Comments

  1. Mia Hansen-Love réalise un film sur les affres de la création artistique et l’influence que peuvent avoir les grands cinéastes. nous dit Marie Jeanne Campana dans son analyse, Tout est dit et donne envie d’entrer dans le climat de Bergman Island

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