Festival de Cannes 22 mai 2022

Cristian Mungïu revient à Cannes avec son film RMN, en français IRM. C’est est un réalisateur, scénariste et producteur roumain né en 1968, grand habitué des récompenses cannoises : son second long métrage, 4 mois, 3 semaines, 2 jours a reçu la Palme d’or à Cannes 2007. Il a également obtenu, le Prix du scénario à Cannes 2012 pour son film Au-delà des collines, qui a par ailleurs valu aux actrices Cosmina Stratan et Cristina Flutur le Prix d’interprétation féminine. Baccalauréat, son cinquième long métrage, lui apporte ensuite le Prix de la mise en scène cannois en 2016. R.M.N., qui est son sixième long métrage est le scanner de la xénophobie ordinaire. Le récit se déroule dans un village multiethnique de Transylvanie. Matthias quitte très abruptement son emploi en Allemagne pour retourner au village où vivent sa femme Ana et son fils mutique de huit ans. Il est l’amant de longue date de Csilla qui gère une petite usine de boulangerie. Celle-ci peine à recruter des salariés sur place car le salaire est très bas et se voit contrainte d’embaucher rapidement trois travailleurs venus du Sri Lanka pour prétendre à une aide européenne, ce qui va mettre le feu aux poudres dans le village. Un film fort, glaçant qui aborde les problèmes du chômage, de la précarité, du dévoiement du système d’aides européennes qui conduisent à des aberrations. Il aborde surtout la haine de l’étranger par les gens du village, qui paradoxalement sont eux-mêmes obligés de s’exiler et de subir la haine à leur tour. La présence des trois étrangers fait exploser toutes les frustrations, les haines de religion, de race. Un extraordinaire plan séquence de 17 mn dans lequel les gens du village sont réunis sous la houlette du maire et du prêtre où s’exprime toute la haine nauséabonde de l’étranger, et qui décident de chasser les trois sri-lanquais du village. Un film impressionnant et angoissant, qui devrait figurer au palmarès. 

Ali Abbasi, né en 1981, est un scénariste, réalisateur et monteur danois, d’origine iranienne qui présente en compétition officielle Holy Spider en français Les nuits de Mashhad. En 2016, il réalise Shelley puis Border en 2018, son dernier long métrage à ce jour, qui a obtenu le Prix Un certain regard à Cannes. Son film retrace un fait divers qui s’est produit en Iran entre 2001 et 2002. C’est l’histoire d’un maçon, très bon père de famille qui, en quête religieuse personnelle, décide de nettoyer de la prostitution la ville de Mashhad, ville sainte, la deuxième plus grande d’Iran. Il a tué seize prostituées qu’il étranglait méthodiquement avec leur foulard. Devant la mollesse de réaction de la police, une journaliste décide d’enquêter, débusque le tueur et… je n’en dirai pas plus. Abbasi présente un film glaçant d’autant plus qu’il n’a pratiqué aucune ellipse, nous montrant à volonté et en gros plan comment procède le tueur et l’agonie de ces pauvres femmes. C’est un film terrible sur l’Iran car on y voit la corruption de la police, la population qui fait circuler une pétition pour sauver celui qu’elle considère comme un saint car il nettoie la ville des impures. Un film qui a le mérite d’insister sur la misogynie profondément ancrée dans la culture de ce pays. On aurait toutefois attendu toutefois plus de subtilité et d’inventivité de la part de l’auteur de Shelley et Border.

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