L’air de la mer rend libre

Auteur : Nadir Moknèche, né en 1965, est un acreur, réalisateur franco-algérien. À 16 ans, il quitte sa famille pour venir à Paris. Après le baccalauréat et deux ans de droit, il change d’orientation et décide de suivre des cours d’art dramatique à l’école du Théâtre national de Chaillot. Durant cette période d’apprentissage, il découvre le cinéma, achète une caméra super 8 et s’initie à l’image. En 1993 il s’installe à New York pour deux ans, s’inscrit en cours de réalisation et tourne deux courts-métrages. De retour à Paris, il dirige son premier long en 2000, tourné au Maroc, Le Harem de Madame OsmaneViva Laldgérie, tourné à Alger en 2003 est le film qui le fera connaître. Suit Délice Paloma, tourné à Alger mais qui n’y obtient pas de visa d’exploitation, Goodbye Marocco en 2013 et Lola Pater en 2017. Il a été pensionnaire de la Villa Médicis en qualité de cinéaste pour la saison 2010-2011. 

Interprètes : Youssouf Abi-Ayad (Saïd) ; Kenza Fortas (Hadjira); Saadia Bentaïeb (Mère de Saïd) ; Zinedine Soualem (Père de Saïd) ; Lubna Azabal (mère d’Hadjira).

Résumé : A Rennes, un jeune homme, d’origine maghrébine et pressé par sa famille, accepte un mariage arrangé avec une jeune femme tout aussi peu enthousiaste.

Analyse : Un très joli film où Nadir Molnèche affirme une fois de plus son sens de la liberté. Mais une liberté nimbée de mensonges et de non-dits. Saïd est un jeune homme doux qui vit toujours chez ses parents qu’il aide dans leur commerce de boucherie. Il n’est pas encore marié, et pour cause : il est homosexuel. Une homosexualité qu’il vit sans tabous. Il est amoureux de Vincent mais s’accorde des rencontres très érotiques avec des hommes rencontrés sur les réseaux sociaux. Il tait bien sûr son secret, mais ses proches, et particulièrement ses parents le devinent. Sa mère, sacrifiant à la tradition n’a qu’une hâte : le marier et lui trouver une jeune fille. Hadjira s’est amourachée d’un dealer, a fait de la prison et a un besoin urgent elle aussi d’être casée selon sa mère. Elle fera donc très bien l’affaire. La scène du mariage à la mairie de Rennes par laquelle commence le film est plus triste qu’un enterrement. On a l’impression qu’on les a menés tous deux à l’abattoir. Hadjira est taiseuse. Son passé douloureux fait d’elle une jeune femme blessée et farouche. Et la voilà embarquée dans ce mariage où elle désire fonder une famille mais Saïd ne la touche pas. Il part tous les soirs vers des rencontres et elle se morfond dans sa solitude. Mais grâce à l’habileté, la sensibilité, l’élégance de la mise en scène du réalisateur, ce film qui pourrait être d’une infinie tristesse, est plein de délicatesse, de subtilité et d’émotion. Progressivement ils vont s’apprivoiser car Hadjira a compris la situation et Saïd la respecte suffisamment pour lui cacher trop longtemps la vérité.

C’est un film qui dénonce l’hypocrisie d’une société sur laquelle pèsent des traditions sources de souffrances, mais qui parle surtout de l’émancipation de ceux qui la subissent, qui ont soif de liberté et qui s’acceptent tels qu’ils sont contre le poids de leur milieu. De ce point de vue Nadir Molnèche casse les clichés sur la représentation des enfants d’immigrés au cinéma.

2 Comments

  1. Hello Marie Jeanne, ça faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds au cinéma et j’ai beaucoup apprécié ce film, et en écoutant votre émission Cinemag ca m’a donné envie de voir Le règne animal… peut être ce week-end 😉 bisous

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