Past Lives – Nos vies d’avant

Autrice : Celine Song, née en 1988, est une réalisatrice, dramaturge et scénariste sud-coréenne et canadienne basée aux États-Unis. À l’âge de 12 ans, elle déménage avec ses parents, tous deux artistes, au Canada. Son père, Song Neung-han, est cinéaste. Elle passe une maîtrise en écriture dramatique à l’Université Columbia en 2014. Pendant près de dix ans elle poursuit une carrière au théâtre. En novembre 2020 elle a notamment imaginé une adaptation des Mouettes d’Anton Tchekov sur le jeu vidéo Les Sims 4. Elle travzille également sur de scénarios de séries pour la télévision. Past Liives, son premier long métrage, est présenté en avant-première au Festival de Sundance 2023 et au Festival de Deauville. Elle a obtenu de nombreuses récompenses aux États-Unis et est nommée aux Golden Globes 2024 dans les catégories Meilleur film dramatique, Meilleure réalisation et Meilleur scénario. 

Interprètes : Greta Lee (Nora) ; Yoo Teo (Hae-Sung) ; John Magaro (Arthur).

Résumé : Trentenaires, une femme et un homme engagés dans une relation fusionnelle durant leur adolescence se retrouvent après s’être longtemps perdus de vue.

Analyse : Avec des flash-back répétés Céline Song nous raconte une histoire autobiographique, celle de Nora et Hae Sung. Ils sont scolarisés dans la même école en Corée du Sud. Ils sont inséparables et se disputent la première place dans leur classe. Mais la famille de Nora décide d’émigrer au Canada. Douze ans plus tard, Nora est venue habiter à New York, tandis que Hae Sung est resté à Séoul. Elle découvre que Hae Sung a tenté de la joindre sur Internet ; elle décide de lui répondre. Des conversations via les réseaux sociaux vont alors se mettre en place. Les deux amis vont retrouver leur complicité et multiplier les confidences. Mais ils vont de nouveau se perdre de vue. Il faudra encore douze ans pour que Hae Sung décide de venir à New York pour rendre visite à Nora, désormais mariée à Arthur, un Américain rencontré en résidence d’écriture alors qu’elle poursuivait avec ambition une carrière de dramaturge. Un très beau film plein de tendresse, de douceur, de sensibilité, de nostalgie. Qui d’entre nous n’a pas le regret ou plutôt la nostalgie d’un amour qui a été ou aurait pu être ? D’autant plus quand la séparation a été imposée et qu’il a été épargné aux amoureux de connaître ce qui l’accompagne trop souvent, la douloureuse déception de la trahison, de la duplicité, le goût amer de la tromperie, sentiments qui, s’ils ne rendent pas la séparation plus légère, aident sinon à oublier du moins à ne pas regretter. Ceux qu’on a aimé sans douleur resteront toujours notre jardin secret. C’est le mérite de ce film de filmer avec précision, délicatesse, subtilité et infiniment de pudeur cet amour magnifié du passé qui se rappelle au présent avec son cortège de nostalgie, de regrets parfois, de bonheurs entrevus. Nora est visiblement bouleversée par sa rencontre physique avec Hae-Sung ; tout comme lui d’ailleurs. Avec l’ivresse secrète d’imaginer ce qui aurait pu être, ce qui a été manqué. Le film suit une méditation sur les occasions non saisies, sur les engrenages de la vie qui mènent ou pas à un couple, conformément au inyeon qui en Corée du Sud peut être traduit par « providence » ou « destin », qui tisse un lien entre nos vies passées et notre présent. Ce n’est pas l’histoire d’un triangle amoureux mais l’histoire d’un amour passé inabouti qui hante le présent. Une magnifique scène finale clôt ce beau film doux et sensible.

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