LE DERNIER LOUP

Auteur : Jean-Jacques Annaud est un réalisateur français de 71 ans. Après avoir suivi l’enseignement de l’école Louis Lumière puis de l’IDHEC, il commence sa carrière en réalisant des films publicitaires. En 1976 il obtient l’Oscar du meilleur film étranger pour son premier film, La victoire en chantant, réalisé en Afrique. Il réalise ensuite en 1979 Coup de tête, écrit par Francis Veber et interprété par Patrick Dewaere, sur l’univers du football et ses supporters. Deux ans après il réalise un film très ambitieux, La guerre du feu, pour lequel il obtient le César du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il adapte en 1986 un roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose pour lequel il reçoit le César du meilleur film .. étranger. Puis en 1988 L’ours, pour lequel il reçoit également le César du meilleur réalisateur. En 1992 il réalise L’amant, d’après l’œuvre de Marguerite Duras. Suivent en 1995, Guillaumet, les ailes du courage et en 1997, Sept ans au Tibet. En 2001 Stalingrad, en 2004, Deux frères. Sa majesté Minor (2007) et Or noir (2011) n’ont pas le succès public des autres films. Puis en 2015 Le dernier Loup.

Résumé : Nous sommes en 1969 en Chine pendant la Révolution culturelle. Deux étudiants de Pekin sont envoyés en Mongolie intérieure afin d’éduquer les tribus de bergers nomades. L’un deux Chen Zhen s’implique beaucoup dans la vie de ces populations et apprend d’eux ce que la vie à Pekin ne lui offrait pas : la vie difficile dans ces contrées hostiles, la notion de vie en communauté, la liberté, la responsabilité, et surtout le voisinage avec les animaux et en particulier avec le loup, craint et vénéré dans ces steppes. L’administration a décidé d’exterminer les loups de la région et Chen adopte un petit louveteau qu’il élève en cachète. Ce sera le dernier loup.

Analyse : C’est une magnifique histoire que nous raconte Jean Jacques Annaud, qui nous fait retrouver notre âme d’enfant, losqu’on vibrait avec la panthère Bagheera ou quand on regardait avidement les épisodes de Belle et Sébastien. Ici nous ne sommes pas dans une série télévisée, mais dans un grand film qui a utilisé des moyens extraordinaires, au vrai sens du terme, pour nous séduire. Deux cents chevaux, des centaines de moutons, et surtout vingt cinq loups dressés pendant trois ans qui se révèlent être d’excellents acteurs. Les moyens utilisés sont à cette démesure. Annaud a même employé des drones et parfois jusqu’à cinq caméras pour filmer la course des loups. Les somptueux paysages de Mongolie intérieure, remarquablement cadrés, aux courbes sublimes, ajoutent à la féerie du film. Annaud ne fait pas d’anthropomorphisme, comme certains critiques aiment à l’affirmer. Les animaux sont montrés dans toute leur cruauté : on ne peut oublier cette magnifique scène nocturne d’attaque par les loups des chevaux qu’ils poussent jusque vers un lac gelé où ils s’enlisent, les scènes filmées dans un impressionnant blizzard, les images saisissantes de beauté de ces bêtes prises dans la glace la terreur figée dans leur regard. Annaud nous conte donc une histoire sauvage avec une mise en scène grandiose qui ne manque pas de souffle et qui nous fait oublier ce que le film pourrait avoir de naïf, avec une petite histoire d’amour à laquelle on ne croit pas trop et qui n’ajoute rien, donc qui aurait pu être évitée, ou les bons sentiments qu’il peut parfois véhiculer.

Ce film est l’adaptation d’un livre de Jiang Rong qui s’est vendu en Chine à plus de 20 millions d’exemplaires, la plus grosse vente depuis Le Petit Livre rouge de Mao. Ce qui est assez surprenant car la critique du régime est bien sous jacente et Annaud reprend gentiment cette ironie par des cadrages sur les gens de l’administration et des couleurs qui rappellent les affiches de propagande. C’est bien cette administration aveugle qui ordonne l’extermination des loups, rompant un équilibre naturel que les mongols avaient patiemment établi avec ces prédateurs. Les préoccupations écologiques du réalisateur sont clairement exprimées, ce qui a pu en agacer certains. Mais pourquoi bouder notre bonheur devant une œuvre émouvante, magnifique, qui nous émerveille et nous fait rêver, ce qui n’est pas si fréquent au cinéma !

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