MONTPELLIER DANSE 8 juillet

Taoufiq Izeddiou, En alerte

Taoufiq Izeddiou est un chorégraphe marocain, un des fondateurs de la Cie Anania, première compagnie de danse contemporaine au Maroc et fondateur du festival de danse contemporaine On marche, en 2005. Il obtient son diplôme d’État de danse contemporaine en France en 2007. Il crée des œuvres comme Cœur sans corps, Clandestins CSC, Déserts désirs, Aataba, Aaléef qui sont jouées partout dans le monde, en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine. Il est l’invité de nombreux festivals de danse.

En alerte est un solo dans lequel l’auteur nous dit vouloir s’interroger sur le cheminement spirituel des êtres qui peut aboutir à l’épanouissement ou au nihilisme absolu. Sa pièce a pour origine une expérience spirituelle. A cinq ans il a assisté à une cérémonie religieuse, la Hmadeha, dans laquelle les participants sautent de haut en bas et respirent de manière bruyante et profonde. Il a associé la danse au spirituel. Dans sa pièce il utilise également la voix pour traduire les univers sonores très différents dans lesquels il baigne. Il y a dans sa pièce un mélange de danse et de performance. J’ai aimé la danse j’ai moins compris la performance. D’un sac à dos qu’il endosse sort une poudre blanche qui lui permet de tracer des cercles concentriques qu’il parcourt ensuite avec un casque à moto muni d’une lumière. Puis il s’affale longuement sur un fauteuil comme endormi. Il est accompagné dans son spectacle de deux musiciens.

Je voudrais préciser ici ma pensée sur les danseurs ventripotents. Taoufiq Izeddiou a un embonpoint très méditerranéen. Pourtant il danse et de manière très souple et gracieuse. Ce n’est que lorsque l’embonpoint devient une gêne pour danser qu’il me paraît alors incompatible avec l’art de la danse.

Sharon Eyal & Gai Behar, OCD LOVE

Sharon Eyal est une chorégraphe israélienne, née à Jérusalem en 1971. Elle fait ses premiers pas de danse au sein de la Batsheva Danse, dirigée par Ohad Naharin (voir mon commentaire sur le documentaire qui lui est consacré, Mr Gaga, du 11 juin dernier). Elle collabore également à Carte blanche en Norvège ou à la Hubbard Street Dance de Chicago. En 2013 elle fonde sa propre compagnie L-E-V (qui veut dire cœur en hébreu) avec son collaborateur de longue date, Gai Behar.

Gai Behar, né en 1977 est une figure de la musique live et des arts vivants à Tel Aviv. Il produit des évènements de musique live underground et des rave party de 1999 à 2005. À partir de 2006 il travaille avec Sharon Eyal à des créations pour la Batsheva Dance Company, comme Bertolina, Makarova Kabisa (2008), Bill and Petrushka (2010).

D’après Sharon Eyad OCD LOVE est sa « première vraie création, sans réserves. » Elle s’est appuyée sur le texte de Neil Hilborn (poète slam) OCD et sur la musique électronique de Ori Lichtik.

Ce spectacle est une réussite totale, absolue. Les qualificatifs me manquent pour décrire la vigueur, la beauté, la sensualité, l’amour qui s’en dégagent. Une heure et quart sans aucune interruption pour les danseurs, tantôt en solo, tantôt en duo, tantôt à six, trois hommes trois femmes, dans une chorégraphie parfois endiablée et parfois pleine de douceur et de tendresse. À un moment c’est la danse de Matisse que j’ai vue dans ce cercle joyeux et aérien. Le peintre aurait été aux anges ! Sur une musique électronique en live, qui rythme parfaitement le spectacle et qui comble vos oreilles. Guettez ce spectacle dans vos villes et surtout ne le ratez pas ! Bien entendu longue standing ovation du public montpelliérain.

À la veille de la fin du festival je dirais volontiers que non non, la danse contemporaine n’est pas morte ! La relève est bien là. Quand on voit des spectacles comme ceux de Nabil Hemaïzia, de la compagnie Le patin Libre, de Lia Rodrigues, de Salia Sanou, de Sharon Eyal & Gai Behar, on peut se dire qu’elle a encore de très bons jours devant elle. Désolée d’avoir cédé un moment à un certain pessimisme !

 

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