FESTIVAL DE CANNES 21 MAI 2017

Je voudrais vous présenter aujourd’hui deux films de la compétition officielle. Le premier, The Meyerowitz stories, de l’américain Noah Baumbach. C’est le second de la compétition distribué par Netflix. Nous avons déjà vu ce genre de film, il y a longtemps, lorsque Woody Allen signait des films sur les déchirements de la famille, comme Hanna et ses sœurs. Le réalisateur ne cache pas sa fascination pour son ainé. Mais une fascination qui ne lui permet pas de prendre le recul nécessaire pour faire son œuvre personnelle. Il est clair qu’il fait du Woody Allen, et ceci depuis longtemps déjà car cette influence était nette dans ses précédentes œuvres comme Frances Ha ou While We’re Young. Ici nous sommes dans la famille d’un vieux sculpteur, interprété par le surprenant Dustin Hoffman, qui a été marié plusieurs fois avec chaque fois des enfants dont il s’est plus ou moins occupé. La famille se réunit autour de ce sculpteur en mal de reconnaissance et c’est l’occasion des règlements de compte, des ressentiments exprimés, des repentances assumées. L’amour fraternel fini par l’emporter entre les frères qui n’ont rien en commun, mais qui finissent par enterrer la hache de guerre. Même si l’ombre du grand maître plane incontestablement, ce n’est pas un mauvais film. Il est bien réalisé, drôle parfois et agréable à regarder.

Le second film est de Michel Hazanavicius, Le Redoutable. Le film est inspiré du livre « Un an après » d’Anne Wiamzemsky, petite fille de François Mauriac, qui fut la femme de Jean-Luc Godard pendant quelques années et qui finalement le quitta. Le film commence quand Godard a 37 ans, en 1967. « On devrait tous mourir à 35 ans avant de devenir des vieux cons », disait-il. A cette époque Godard, père de la Nouvelle Vague est adulé par tout le milieu cinématographique français et mondial. Mais l’image qu’en donne le film est quelque peu écornée. Le maître, remarquablement interprété par un Louis Garrel bluffant, est représenté comme un bavard verbeux, embourbé dans une phraséologie lénino-maoïste, violemment contesté par des étudiants à la Sorbonne en 1968, de plus en plus incompris de ses amis et de sa propre femme envers laquelle il a une attitude finalement assez bourgeoise, en contradiction avec ses idéaux révolutionnaires. Il reproche avec véhémence aux autres cinéastes comme Clouzot, Truffaut ou Bertolucci, de fabriquer des films de « petits bourgeois » ou « de merde » selon ses dires. Pourtant Hazanavicius nous dit qu’il a rendu un hommage à Godard qui incontestablement le fascine comme beaucoup d’entre nous. Cela se sent dans la manière dont il manie le noir et blanc, les images en négatif et le jeu dansant de sous-titres colorés, mais naturellement sans égaler un tant soit peu le maître.

Et rendez-vous, comme chaque jour, en direct de Cannes pour Fréquence protestante, à midi.

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