LADY BIRD

Auteur : Greta Gerwig, née en 1983 est une actrice, scénariste, réalisatrice américaine. En 2007, elle fait ses premiers pas comme actrice en incarnant le personnage principal de Hannah Takes the Stairs de Joe Swanberg, film dont elle coécrit le scénario. En 2008, aux côtés de Joe Swanberg elle écrit, joue et réalise Nights and Weekends. Elle poursuit une belle carrière et on la retrouve dans de nombreux films comme Greenberg (2010) de Noah Baumbach, Sex Friends (2011) d’Ivan Reitman, ou encore To Rome with Love (2012) de Woody Allen. En 2013, Greta s’illustre sous la direction de Noah Baumbach dans Frances Ha. En 2016, la comédienne tourne à nouveau sous la direction de Noah Baumbach dans Mistress America. Après plusieurs autres films, elle passe en 2017 derrière la caméra pour la première fois en mettant en scène Lady Bird. Ce film a obtenu le Prix de la meilleure comédie ou comédie musicale, le Prix de la meilleure actrice dans cette catégorie pour Saoirse Ronan aux Golden Globes 2018.

Résumé : Christine, Lady Bird, est une adolescente de 17 ans qui vit avec ses parents dans la ville de Sacramento, en Californie. Elle s’oppose à sa mère, femme autoritaire qui travaille sans relâche comme infirmière pour maintenir sa famille à flot avec un père au chômage. Lady Bird souhaite quitter sa ville qu’elle juge étriquée pour poursuivre ses études à New York.

Analyse : Le scénario de Lady Bird n’a rien d’original. On a maintes fois vu au théâtre ou au cinéma le thème des affres de l’adolescence à l’orée de l’âge adulte, ses rêves de grandeur, son opposition aux parents et à tout ce qu’ils représentent, le mal-être dans son milieu, les difficultés à communiquer, les amitiés et les trahisons. Et pourtant Greta Gerwig nous donne un beau film, plein de douceur, de sensibilité, de tendresse, de drôlerie, qui en fait tout le succès, même si l’on peut regretter quelques passages un peu larmoyants. Ce succès s’explique par sa mise en scène, son atmosphère et ses acteurs.

La mise en scène nerveuse, avec des plans rapides, l’utilisation habile de l’ellipse, des dialogues courts et précis, donnent à ce film un dynamisme et une vitalité qui a parfois ses phases de tristesse. La première scène donne le ton. La mère et la fille sont dans la voiture et en parfaite harmonie écoutent en pleurant d’émotion Les Raisins de la colère. Puis en quelques échanges le ton monte jusqu’au paroxysme. Plusieurs scènes ont lieu dans la voiture, la plupart entre la mère et la fille, lieu clos qui permet de filmer au plus près les émotions. Jusqu’à cette scène finale où la mère quitte l’aéroport sans avoir dit au revoir à sa fille, pleurant de désespoir et de remord. Et comme dans un passage de relai, c’est d’abord la mère, puis la fille qui conduit dans cette ville de Sacramento dont la réalisatrice nous montre à la fois la banalité et ce qui peut en faire un quotidien agréable. Cette ville est aussi celle où elle a grandi, et son film a une part d’autobiographie bien qu’elle s’en défende. Comme si elle se souvenait de son propre parcours le ton est juste, sans exagération ni condamnation mais avec une grande indulgence et tendresse pour cet âge de l’adolescence. Ce qui donne au film une atmosphère d’une grande authenticité.

Christine, qui va jusqu’à refuser son prénom en se faisant appeler Lady Bird, est une jeune fille attachante, déjantée, fantasque, qui a un humour vif et désabusé et des audaces verbales qui choquent dans le milieu conventionnel d’une école catholique. Elle a des prétentions d’artiste, elle en a le tempérament. Ses vêtements, sa coiffure méchée de violet, dénotent sa volonté de se démarquer de son milieu et son mal-être. Elle aime ses parents mais ne supporte pas sa mère, elle veut les quitter, aller vivre ailleurs, là où souffle la culture, à New-York. Elle a honte vis-à-vis de ses camarades, du quartier et de la maison où elle habite « du mauvais côté des rails » qu’elle juge moche. Histoire d’une émancipation qui a aussi une dimension politique. Nous sommes en 2002, les difficultés économiques des classes moyennes, le chômage des seniors, l’endettement nécessaire pour financer les études supérieures des enfants, le travail long et fatigant de la mère pour soutenir sa famille. La réalisatrice montre aussi la distance culturelle qu’il y a, aux États-Unis entre la côte ouest et la côte est, la banlieue et le centre-ville.

Le succès de ce film est également dû au choix judicieux des acteurs aussi bien pour les rôles principaux que pour les seconds rôles. Christine, incarnée par l’irlandaise Saoirse Ronan, lumineuse, sincère, drôle et pleine de cet ennui juvénile qui caractérise cet âge ; sa mère, Laurie Metcaff, géniale mère autoritaire, butée mais pleine d’un amour qu’elle ne sait pas toujours exprimer ; son père, Tracy Letts parfait dans le rôle du temporisateur rassurant ; sa meilleur amie, remarquable Beanie Feldstein, comme ses petits copains, Lucas Hedges ou Timothée Chalamet, tous donnent au film une qualité qui justifie son succès.

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