QUI A TUÉ LADY WINSLEY ?

Auteur : Hiner Saleem né en 1965 dans le Kurdistan irakien, est un réalisateur, scénariste, producteur français d’origine kurde, qui a fui le régime de Saddam Hussein à 17 ans et s’est réfugié en Europe (d’abord en Italie puis en France). De retour sur sa terre natale pendant la première Guerre du Golfe il filme les conditions de vie des Kurdes irakiens. Cette vidéo inachevée sera projetée en 1992 au Festival du Film de Venise. Il est l’auteur d’une douzaine de films dont les principaux sont : en 1998 Vive la mariée… et la libération du Kurdistan, opus dans lequel il retrace la vie d’un militant kurde réfugié à Paris, Vodka Lemon en 2003, Kilomètre zéro présenté en sélection officielle au Festival de Cannes en 2005, Les toits de Paris avec Michel Piccoli, qui obtient le Léopard d’or au Festival de Locarno en 2007, Si tu meurs je te tue en 2011, My Sweet Pepper Land présenté au Festival de Cannes en 2013.

Résumé : Lady Winsley, une romancière américaine, est assassinée sur une petite île turque. Le célèbre inspecteur Fergan arrive d’Istanbul pour mener l’enquête. Très vite, il doit faire face à des secrets bien gardés dans ce petit coin de pays où les tabous sont nombreux, les liens familiaux étroits, les traditions ancestrales et la diversité ethnique plus large que les esprits.

Analyse : Ne vous attendez pas, de la part de Hiner Saleem, à un film classé dans une catégorie bien déterminée, en l’occurrence le thriller. Ce réalisateur adore mélanger les genres, et on ne saurait le lui reprocher car il le fait brillamment. Certes c’est une enquête criminelle façon Agatha Christie, avec une reconstitution minutieuse de l’atmosphère surannée de mystère qui ne se dévoile qu’à la fin de l’enquête. Mais ce n’est pas que cela. Il mélange, avec talent et bonne humeur, l’enquête policière avec une comédie, que ce soit le comique de situation, de quiproquo, d’élocution ou de burlesque, avec une romance pleine de charme.  Il aborde également des sujets particulièrement graves, dans une critique sociale et politique, légère mais efficace, de la société turque archaïque de cette petite île de la Méditerranée. L’on y retrouve tous les travers de beaucoup de sociétés fermées des îles de ce coin du monde, la solidarité des habitants qui pratiquent l’omerta face au policier du continent, car ils sont tous cousins, le machisme à fleur de peau d’une société qui stigmatise l’adultère des femmes tout en acceptant celui des hommes, l’intolérance, la discrimination qui vire à la haine de l’étranger, en l’occurrence les Kurdes qui sont considérés comme tels en Turquie ; mais il met l’accent également sur le courage des femmes qui palie la couardise des hommes auxquels seuls la parole, le paraître et la menace tiennent lieu de bravoure.

Qu’allait donc faire, en plein hiver, dans cette île perdue, Lady Winsley, romancière de son état, que les habitants s’obstinent à appeler Miss Nestlé ou Miss Presley, incapables qu’ils sont de retenir un patronyme étranger à leur langue ? Le découvrir est la tâche de l’inspecteur Fergan, incarné par Mehmet Kurtulus, séduisant en diable, mélange de Gregory Peck et d’Humphrey Bogart, qui au fil de son enquête apprendra qu’un meurtre peut en cacher un autre.

Ce film est réjouissant, plein de fantaisie et d’humour, chaleureux et triste. Le happy-end de la fin ajoute une touche de charme et d’émotion.

 

 

 

 

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