LA ROQUE D’ANTHÉRON 5

Fantaisies par Abdel Rahman El Bacha

La réputation d’Abdel Rahman El Bacha  n’est plus à faire. Il est parmi les plus grands pianistes de notre temps. Né à Beyrouth en 1958 dans une famille de musiciens, il étudie le piano avec Zvart Sarkissian. À 10 ans, il donne son premier concert avec orchestre et Claudio Arrau lui prédit une grande carrière. Admis au CNSMD de Paris, il est récompensé de quatre Premiers prix (piano, musique de chambre, harmonie et contrepoint) et remporte à 19 ans le prestigieux Concours Reine Elisabeth de Belgique, qui lui ouvre les portes d’une brillante carrière internationale. Cet artiste franco-libanais se produit dans les salles de concert les plus prestigieuses et les meilleurs festivals de musique classique du monde. C’est un habitué du Festival de La Roque d’Anthéron. Il joue sous la direction de grands chefs avec les meilleures formations. Il a reçu en 1983, des mains de Mme Prokofiev, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros pour un disque des premières œuvres de Prokofiev, paru chez Forlane. Abdel Rahman El Bacha est également un compositeur. Il dit à ce propos : « La plupart de mes pièces sont une mise en forme de quelques improvisations, inspirées par la vie et sorties du cœur ; musique sans apprêts, parfois simple comme une chanson. Le style voyage entre le Proche-Orient qui m’a donné le jour, l’Espagne, et un doux romantisme redevable à Schumann. » Un album entièrement consacré à ses œuvres est paru chez Mirare en février 2018.

Il nous a donné un concert avec des Fantaisies de grands compositeurs mais qui ne sont pas très connues des non professionnels, faisant preuve d’originalité dans son choix. En première partie la Fantaisie en ut mineur K. 475 de Mozart, la Fantaisie en sol mineur opus 77 de Beethoven, la Fantasiestücke opus 111 de Schuman, la Fantaisie en fa mineur opus 49 de Chopin. En seconde partie, la Fantaisie en fa dièse mineur opus 28 de Mendelssohn, la Sonate-Fantaisie en sol dièse mineur opus 19 de Scriabine, la Fantasia Baetica de De Falla et Islamey, fantaisie orientale de Balakirev.

El Bacha a un jeu virtuose et un grand pouvoir d’émotion. Un jeu sobre, souple et élégant, avec une force tranquille, une grande clarté dans le discours, une maîtrise totale des accords. Ses mains courent sur le piano, se poursuivent, se croisent, semblent se disputer la même note, prennent de la hauteur et retombent sur le clavier avec précision, élégance et fermeté. Un jeu d’une grande intelligence. « Quand on touche à l’essentiel, on touche à l’humain » dit-il. C’est particulièrement vrai avec lui.

En bis il nous a interprété plus classiquement l’Impromptu n°2 opus 162 de Schubert et Fantaisie Impromptu de Chopin. Une magnifique soirée.

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