Mon crime

Auteur : Né en 1967, François Ozon est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français.  S’il prend, adolescent, quelques cours de comédie, il s’oriente vite vers la mise en scène. Titulaire d’une maîtrise de cinéma à Paris I (avec pour enseignants Rohmer et Joseph Morder), il entre à la Fémis en 1990 ; il rédige une maîtrise sur Pialat et signe de nombreux courts-métrages grâce auxquels il se fera un nom au sein du jeune cinéma français. Il est l’un des rares cinéastes français à s’occuper à la fois de la réalisation, de l’écriture et de la production de ses films. Il varie volontiers les genres (comédie musicale, drame, comédie). Il réalise en 1998 son premier long métrage, Sitcom. C’est avec Sous le sable (2001) qu’il acquiert un grand succès. Réalisateur prolixe, il réalise 42 films, presque un par an. Il a tourné avec les plus grands acteurs et les plus grandes actrices françaises, comme notamment Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier, Melvil Poupaud, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini ou Catherine Deneuve. Régulièrement nommé aux César, il a obtenu de nombreuses récompenses, et est programmé dans les plus prestigieux festivals internationaux (Berlin, Toronto, Cannes, Venise, San Sébastien).

Interprètes : Nadia Tereszkiewicz (Madeleine Verdier) ; Rebecca Marder (Pauline Mauléon) ; Isabelle Huppert (Odette Chaumette) ; Fabrice Luchini (juge d’instruction) ; Dany Boon (Palmarède) ; André Dussolier (M. Bonnard) ; Édouard Sulpice (André Bonnard).

Résumé : Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate sans clients, elle est acquittée pour légitime défense. Commence une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

Analyse : En adaptant une pièce de boulevard de 1934 de Louis Verneuil et Georges Berr, François Ozon en adopte également tous les codes, et ce n’est pas déplaisant. Un film qui tente de renverser les ressorts du patriarcat en utilisant des moyens peu moraux, dans le contexte d’une comédie joyeuse, pleine d’humour, bien rythmée, d’une formidable intelligence et réjouissante. Une proximité avec le langage théâtral qu’Ozon sait parfaitement marier avec celui du cinéma dans la lignée de Huit femmes et de Potiche. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une scène de théâtre. Un cinéma léger, sans prétention et qui remplit parfaitement son rôle : distraire, faire oublier le quotidien, nous faire rêver aussi. Avec tous les excès baroques dont ils peuvent être capables, le réalisateur met en scène des acteurs confirmés, comme Isabelle Huppert qui surjoue son rôle de comédienne du muet qui veut revenir sur le devant de la scène et qui se transforme en maîtresse chanteuse avec jubilation, Fabrice Luchini en juge d’instruction qui rate toutes ses enquêtes, Dany Boun en bourgeois de Marseille avec ce qu’il faut d’exubérance et d’exagération. Chacun en fait des tonnes avec conviction pour le plus grand plaisir du spectateur. Ozon emploie également de magnifiques jeunes actrices, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz très remarquée dans Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi. Tout ce monde est parfaitement à l’aise dans un Paris des années 30 magnifiquement reconstitué, quant à l’atmosphère, aux costumes et aux décors. Dans cette France d’entre deux guerres le patriarcat domine la société. Les femmes sont la plupart du temps considérées comme des objets sexuels qui n’ont d’autre choix que de se taire. Ce film, sans être un film militant, est sous une certaine légèreté, un plaidoyer en faveur des femmes et de leur émancipation. C’est le discours que tiendra Madeleine Verdier à son procès, dans un langage très contemporain soufflé par son avocate, Me Pauline Mauléon. Ce film est un régal d’intelligence qui procure au spectateur un moment de plaisir et de bonheur qu’il serait dommage de bouder.

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