Festival de Cannes 17 mai 2023

Après l’ouverture du festival avec le film de Maïwenn Jeanne du Barry, la projection des films des diverses sélections a commencé. Pour la Palme d’or 21 films ont été retenus, dont cinq français. On retrouve de nombreux cinéastes déjà palmés, Ken Loach, Nuri Bilge Ceylan, Nanni Moretti, ou Kore Eda. On retrouvera également Marco Bellocchio, Aki Kaurismaki, Wes Anderson, Todd Haynes ou Wim Wenders : bref une sélection qui a de fortes chances d’être passionnante. On aura également six réalisatrices, ce qui est un record dans l’histoire de la compétition : trois Françaises, Catherine Breillat, Justine Triet et Catherine Corsini, une jeune cinéaste sénégalaise Ramata-Toulaye Sy qui présente son premier long métrage, ce qui est à noter. Nous retrouverons également, la Tunisienne Kaouther Ben Hania, l’Italienne Alice Rohrwacher et l’Autrichienne Jessica Hausner. Un festival plein de promesses.

Monster de Kore Eda a commencé la compétition. C’est un des réalisateurs préférés sur la croisette. Sur les quinze longs métrages de fiction qu’il a réalisés sept ont été programmés à Cannes (en Sélection Officielle ou en sélection Un certain regard). Il a obtenu le Prix d’interprétation masculine pour Yuya Yagira à Cannes en 2004 pour Nobody Knows, le Prix du jury ainsi que le Prix du jury œcuménique en 2013 pour Tel père, tel fils et la Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, ainsi que le Prix du jury œcuménique l’an passé à Cannes pour Les bonnes étoiles, parmi d’autres prix internationaux. Son cinéma, fait de chroniques familiales, évoque avec le deuil, le mensonge, l’abandon, la culpabilité, la difficulté d’être parents, la solidarité des enfants. Dans son film présenté cette année à Cannes en compétition, Monster, il creuse encore le mystère des enfants et de la parentalité, mais cette fois-ci de manière très différente, un peu à la façon d’un Akira Kurosawa. Un récit qui se déroule en trois temps, chaque protagoniste exposant sa version de la même histoire. Au point de départ un incendie de quartier, repris dans chaque partie. Depuis la mort de son mari une femme élève seule son fils. Ce dernier se conduit étrangement, ce qui suscite l’inquiétude légitime de sa mère qui soupçonne l’instituteur de l’école de le harceler et même de le maltraiter. Elle va essayer de trouver des réponses auprès de la directrice de l’école. Une histoire qui se découvre progressivement et se développe en plusieurs strates, avec des ambiguïtés qui peuvent perturber. Qui est le véritable monstre du titre ? Beaucoup de thèmes sont abordés : le lien maternel, l’école, l’hypocrisie de la société japonaise, les failles de son système scolaire, la culpabilité, la violence, la complexité de l’enfance et même, de façon nouvelle chez le cinéaste, le désir homosexuel. Un foisonnement de détails, des allers-retours qui brouillent parfois les pistes. Certes on y retrouve le talent de Kore Eda, ce qui n’est pas négligeable. Mais si on peut apprécier ce film, on peut également le trouver confus et regretter que son véritable sens ne se dévoile qu’en dernier : la difficulté des parents à comprendre toute la complexité du monde de l’enfance.

Le second film présenté pour la Palme est celui de Catherine CorsiniLe Retour. Khedidja et ses deux filles, Farah et Jessica sont de retour en Corse après un drame qui s’est produit il y a quinze ans et que l’on soupçonne dans les premières images. La réalisatrice, corse, a mis en scène son île et une part, a-t-elle affirmé, de sa biographie. Malheureusement l’histoire cumule les clichés et les poncifs tout au long du film. Si les beaux paysages de la Corse sont mis en valeur, l’image de ses habitants n’est pas très flatteuse. Un schéma très conventionnel du retour d’où n’arrive à percer ni originalité ni intérêt ni émotion. Un film très décevant dans la filmographie de la réalisatrice.

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