Memory

Auteur : Michel Franco, 44 ans, est un réalisateur, scénariste, producteur mexicain. Très tôt passionné de cinéma, il réalise des spots publicitaires et des courts métrages. Parmi ces derniers, Entre dos (2003) reçoit le prix du meilleur court au festival de Dresde. En 2009, il met en scène son premier long métrage, Daniel y Ana, dans lequel un frère et une sœur sont enlevés et contraints à des actes sexuels devant une caméra. Le film, est sélectionné au Festival de Cannes pour la caméra d’or. Trois ans plus tard, il revient sur la croisette avecDespués de Lucia, Prix Un certain regard. En 2015, il réalise Chronic qui obtient à Cannes le Prix du Meilleur scénario. Deux ans plus tard, il met en scène Les Filles d’Avril, prix du jury à Cannes), Il est ensuite récompensé du Grand prix du jury à la Mostra de Venise 2020 pour Nouvel Ordre, et fait son retour à Venise en 2021 avec le très sombre Sundown. Memory (2023) est présenté en avant-première à la Mostra de 2023 où Peter Sarsgaard y reçoit la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine.

Interprètes : Jessica Chastain (Sylvia) ; Peter Sarsgaard (Saul) ; Brooke Timber (Anna) ; Jessica Harper (la mère).

Résumé : : Mère célibataire à la vie rangée, une jeune femme voit son existence bouleversée par ses soudaines retrouvailles avec un ancien élève de son lycée.

Analyse : Un film étonnant venant d’un réalisateur qui nous a habitué à un cinéma sur le fil du rasoir où le pire est toujours à attendre de ses personnages. Memory est un film délicat, sensible, un bijou d’émotion et de tendresse. Lors d’une soirée d’anciens élèves de lycée Sylvia est observée avec insistance par un homme qui va jusqu’à la suivre au pied de son immeuble alors qu’elle fuit la soirée. Un épisode angoissant, d’autant plus que l’homme a l’air tranquille et que tout se déroule dans un grand silence. Que cherche-t-il ? A-t-il de mauvaises intentions ? Le lendemain matin on le retrouve frigorifié car il a dormi sur le trottoir devant sa porte. On apprend que c’est un monsieur qui a perdu la mémoire immédiate et qui ne se souvient de rien. L’aventure pourrait s’arrêter là. Mais Sylvia reste en contact avec Saul (c’est le nom de l’inconnu) d’abord par empathie à l’égard d’un homme atteint d’amnésie et ensuite parce qu’elle croit reconnaître en lui un des membres du groupe d’élèves qui, alors qu’elle n’avait que douze ans, la violaient régulièrement. On sent au-delà de ce que l’on apprend progressivement, un lourd passé chez Sylvia. Elle est taciturne, phobique de la sécurité, fermant constamment sa porte à double tour et ne demandant que des réparatrices pour intervenir chez elle. Sa vie est rythmée par son travail dans une association caritative et ses réunions aux Alcooliques Anonymes. Elle élève seule sa fille adolescente (Anna) avec rigueur et refuse de voir sa mère avec laquelle on devine un lourd contentieux. Ce film est l’histoire d’une tension et d’un rapprochement entre deux êtres que tout oppose. Lui dont la mémoire est défaillante voudrait se souvenir ; elle qui veut oublier son passé. Une romance bouleversante, tendre et profonde, un beau film d’amour simple et évident, porté par le jeu subtil de deux magnifiques acteurs, bercé par un superbe tube des années 60 – A Whiter Shade of Pale, de Procol Harum. 

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