Le Capital au XXIe siècle

Auteurs : Justin Pemberton est un réalisateur et scénariste néo-zélandais connu pour Love Speed and Loss (2005) qui a obtenu le prix du meilleur documentaire et du meilleur réalisateur aux Prix Écrans de Nouvelle-Zélande, The Nuclear Commeback (2007) et Le Capital au XXIe siècle (2019).

Thomas Piketty : né en 1971 est un économiste français. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ancien élève de l’École normale supérieure (promotion 1989 Sciences) et docteur en économie de l’EHESS, il fut chercheur à la London School of Economics et est un spécialiste de l’étude des inégalités économiques, en particulier dans une perspective historique et comparative, et auteur du livre Le Capital au XXIe siècle (2013). En 2002, il reçoit le prix du meilleur jeune économiste de France et, en 2013, le prix Yrjö Jahnsson. Après avoir joué un rôle majeur dans la fondation de l’École d’économie de Paris, il y est professeur depuis 2014.

Résumé : Ce film est l’adaptation du livre de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle. C’est est un voyage à travers l’histoire moderne de nos sociétés. Il met en perspective la richesse et le pouvoir d’un côté, et de l’autre le progrès social et les inégalités. Une réflexion nécessaire pour comprendre le monde d’aujourd’hui.

Analyse : En 2013 l’économiste français bien connu, Thomas Piketty, faisait paraître un ouvrage, Le Capital au XXIe siècle qui, malgré ses près de 1000 pages est devenu un succès d’édition non seulement en France mais surtout aux États-Unis, traduit en 40 langues, avec près de 3 000 000 d’exemplaires vendus, suscitant nombre de discussions et de controverses.  Sept ans plus tard, avec Justin Pemberton, Thomas Piketty en tire un film que l’on pourrait hésiter à voir tant le sujet paraît aride. On aurait tort. Ce film sur l’historique de l’économie mondiale est vivant, passionnant, pédagogique ; avec simplicité et efficacité il expose des phénomènes complexes, qui deviennent faciles à comprendre, un vrai plaisir qui nous donne l’impression d’être intelligents. Les auteurs ont pris le parti de faire un film très dynamique avec des références à la pop culture à travers ses chansons (Aretha Franklin, Kim Wilde), des images rapides aux couleurs vives, comme s’il s’agissait d’un clip, des extraits de films (de John Ford à Oliver Stone), d’archives, le tout entrecoupé d‘interventions de nombreux économistes en guerre contre la pensée unique (Faiza Shaheen, Gillian Tett, Gabriel Zucman) dont certains parmi les plus connus (Joseph Stiglitz, Ian Bremmer, Francis Fukuyama, Piketty lui-même). Piketty commence sa démonstration en Europe occidentale au 18e siècle. A la veille de la Révolution française la richesse est concentrée aux mains d’une aristocratie qui représente 1% de la population. Le rôle de l’héritage dans la transmission du patrimoine interdit tout espoir aux non héritiers. « L’idée d’une redistribution des richesses ne leur vient même pas à l’esprit ». Après avoir balayé le siècle suivant l’économiste constate qu’à la veille de la première guerre mondiale 1% de la population possède alors 70% de tout ce qu’il y a à posséder. Situation à laquelle il attribue la montée des nationalismes. Reprenant toujours son postulat selon lequel un tel degré d’inégalités économiques entre élites mondialisées et la masse des laissés-pour-compte est une bombe sociale, l’auteur fait ce constat amer de notre monde actuel : « Nous sommes revenus à une répartition du capital qui ressemble à s’y méprendre à celle qui prévalait au 18e siècle… avec une concentration du capital inédite entre les mains de compagnies multinationales et de particuliers qui peuvent échapper à la taxation grâce à l’indulgence des États envers les paradis fiscaux. » L’heureuse parenthèse de l’après-guerre et des Trente Glorieuses qui a vu l’émergence d’une véritable classe moyenne possédante, s’est fermée avec la dérégulation des marchés financiers dans les années 90 ; la course aux prêts a provoqué la crise des subprimes en 2008 et le sauvetage à coup de centaines de milliards de dollars de banques « trop grosses pour faire faillite ».

On aurait aimé plus de développements sur les solutions qu’il préconise pour encadrer le capital, notamment pour plus de démocratie participative (« le pire n’est jamais sûr, pour peu que l’on s’en donne la peine, le tout est de débloquer la pensée unique des élites – ce qui n’est pas l’affaire la plus mince »). Solution qu’il a précisée dans un article récent du Monde (11/07) où il propose un modèle de développement coopératif fondé sur la justice économique et climatique.

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