L’Oubli que nous serons

Auteur :  Fernando Trueba, né en 1955, est un réalisateur, scénariste, producteur espagnol. Il a d’abord étudié l’image à la Faculté des Sciences de l’Information de Madrid avant de rédiger des critiques de cinéma pour divers quotidiens, et de fonder son propre journal, Casablanca.  Il réalise plusieurs courts-métrages comiques ou documentaires entre 1974 et 1982, puis obtient son premier succès en 1980 avec un long-métrage, Opéra Prima, comédie légère, la première d’une longue série. L’Année des lumières (1986), est son premier film à connaître une sortie dans les salles françaises. En 1990, il tourne une co-production franco-espagnole, Le Rêve du singe qui est un thriller sans grand succès, suivi de Belle Epoque (1994) qui obtient l’Oscar du meilleur film étranger. Il tourne une comédie avec Penelope Cruz, La fille de tes rêves (1999), dont il réalise la suite en 2016, La Reine d’Espagne. Il est à la tête d’une trentaine d’œuvre en tant que réalisateur. Il a obtenu trois Goya du meilleur film et deux Goya du meilleur réalisateur.
Interprètes : Javier Cámara (Hector Abad Gomez) ; Nicolas Reyes (son fils jeune) ; Juan Pablo Urrego (son fils adulte) ; Patricia Tamayo (Cecilia, sa femme).

Résumé : Colombie, années 1980. Adapté de faits réels, L’Oubli que nous serons est le portrait d’un homme exceptionnel, le docteur Hector Abad Gomez qui a lutté pour sortir les habitants de Medellin de la misère. Malgré les menaces qui pèsent sur lui, il a refusé d’être réduit au silence, le payant de sa vie. C’est également une chronique familiale et l’histoire d’un pays marqué par la violence.

Analyse : Le réalisateur a adapté le roman éponyme d’Hector Abad Faciolince (2010), le propre fils du médecin. Il suit fidèlement la saga de cette famille de la haute bourgeoisie colombienne dont le père, médecin et universitaire, professe auprès de ses étudiants des idées de liberté, de respect des droits de l’homme ; ce que doit être la santé publique en faveur des déshérités, l’assainissement des eaux, la lutte contre les pandémies avec des campagnes de vaccination. Mais ses idées ne plaisent pas en haut lieu. Il est renvoyé de l’Université et figure sur la liste des personnes à abattre. C’était un homme généreux, cultivé, drôle et d’une grande simplicité. Le film le montre essentiellement dans sa vie ordinaire auprès de ses six enfants (cinq filles et un garçon), leur donnant constamment des conseils et des leçons de vie, avec beaucoup de bienveillance et de gentillesse. Comme dans le roman le réalisateur a mis en scène avec soin la véritable histoire d’amour qui lie le père et le fils. 

C’est un film attachant, une reconstitution très appliquée, à la mise en scène classique et soignée. Par une inversion de la tradition cinématographique il a utilisé le noir et blanc pour le présent et la couleur pour le passé. Le film doit beaucoup de sa magie à la magnifique interprétation de Javier Cámara, l’inoubliable infirmier de Parle avec elle.

On peut toutefois regretter que le contexte historique ne soit qu’évoqué et n’apparaisse qu’en toute fin du film. On peut regretter également un manque de légèreté et de subtilité, nous offrant une hagiographie très appuyée où les leçons du médecin tombent comme des sentences dont on se demande quelle part de liberté de pensée elle peut laisser à ses enfants. Sans doute dans son désir d’être fidèle au roman le réalisateur n’utilise pas une technique commode du cinéma : l’ellipse. Tout est montré, rien n’est suggéré, en particulier la réaction à la mort de leur père de chacune des cinq filles au moment où elles l’ont apprise, ce qui donne un film long (2h16 !) qui n’aurait rien perdu à être écourté d’une bonne demie heure. C’est dommage.   

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