Ennio

Auteur : né en 1956 en Sicile, Giuseppe Tornatore est un réalisateur, scénariste, acteur italien. Très tôt attiré par l’interprétation et la mise en scène il monte au théâtre, à seize ans, des œuvres de Pirandello ou d’Edouardo de Filippo. Sa première expérience de cinéma se fait à la télévision, par la réalisation d’un documentaire sur les minorités ethniques siciliennes. Trois autres documentaires suivent. Son premier film date de 1985 Le Maître de la camorra. Mais ce qui est considéré comme son chef d’œuvre et qui lui a acquis une réputation mondiale c’est Cinéma Paradiso (1989), Grand prix du jury à Cannes et Oscar du meilleur film étranger. Il s’attache souvent à décrire l’Italie dans toute sa sincérité (Ils vont tous bien 1990 ou Marchands de rêves 1995). Entre-temps, le cinéaste s’offre une incursion dans le polar avec Une pure formalité (1994), sélectionné à Cannes. Son très remarqué La légende du pianiste sur l’océan (1998) est distingué par des récompenses. Après Maléna (2000), il réalise The best Offer (2014 ; voir la fiche du 24 avril 2014), qui obtient le Prix de la meilleure musique du film européen pour Ennio Morricone. Ennio, il maestro est son treizième film.

Résumé : Somme sur la vie et l’œuvre d’un des grands musiciens du XXème siècle, Ennio Morricone, né en 1928, mort le 6 juillet 2020 (91 ans), deux ans jour pour jour avant la sortie de ce film. 

Analyse : Ce magnifique documentaire nous transporte au sein de la musique d’Ennio Morricone, de sa création musicale. 2h36 de bonheur. Tornatore, très admiratif du maestro, l’a filmé pendant 5 ans. Il mêle des interviews de nombreuses personnalités du monde de la musique et du cinéma, mais surtout du maestro lui-même qui détaille la manière dont il a enfanté sa création. On découvre un être sensible, humble, presque timide, longtemps complexé de faire de la musique de film face à ses collègues et maître anciens du conservatoire, notamment Goffredo Petrassi, qui considéraient qu’il se compromettait dans ce genre au lieu de continuer à composer de la musique « classique », la seule vraie. On découvre aussi un être curieux, inventif, attiré par la musique atonale et à la tête de plusieurs œuvres dans ce genre, qui n’hésitait pas à utiliser le son d’une boite de conserve qui roule, d’une machine à écrire, d’un animal (le fameux cri de coyote dans Le Bon, la brute et le truand). Un être attachant, émouvant, les larmes aux yeux lorsqu’il repense à l’humiliation de sa jeunesse quand il était obligé de jouer de la trompette pour faire vivre la famille, son père trompettiste ne pouvant plus assumer son rôle. On découvre un homme toujours amoureux de sa femme qui l’a soutenu tout au long de sa vie et était sa première auditrice et critique. Quand on pense que l’académie des Oscars a attendu 2007 (il a 79 ans !) pour lui décerner un Oscar d’honneur, lui le compositeur aux 523 bandes originales dont quelques dizaines de chefs-d’œuvre ! De manière générale il a connu une reconnaissance internationale tardive, ses premières récompenses non italiennes n’arrivant qu’en 1987 ; il a alors près de 60 ans. Le documentaire diffuse de larges extraits des films à la musique inoubliable, pour notre plus grand plaisir. Qui n’a pas en tête l’ample et splendide thème de Il était une fois dans l’Ouest (1968) et ses notes d’harmonica, ou celle, sublime qui accompagne en particulier Robert de Niro dans Il était une fois en Amérique(1984), ou bien la chanson de John Baez de Sacco et Vanzetti devenue un véritable hymne ? Des films qui sans sa musique ne seraient pas ce qu’ils ont été. Il avait en général une grande complicité avec les réalisateurs qui lui faisaient une parfaite confiance et dont il comprenait intuitivement les objectifs, en particulier Sergio Leone, découvert camarade de classe, dont il était très proche. Un documentaire, peut-être de facture classique, mais qu’il faut voir, absolument.

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